Niki de Saint Phalle
En joue! Assemblages et Tirs (1958-1964)
Afin de marquer le début de sa collaboration avec la succession de Niki de Saint Phalle, la galerie Vallois a choisi de présenter un ensemble d’œuvres majeures — dont certaines inconnues du public français — couvrant une période clé dans le travail de Niki de Saint Phalle, celle où la jeune femme intègre le mouvement du Nouveau Réalisme.
De fait, l’exposition s’articule autour d’une époque charnière au cours de laquelle Niki Mathews prend son nom d’artiste — Niki de Saint Phalle — et passe d’une pratique de l’assemblage pur à une pratique «active» qui la mène à la réalisation de ses fameux «Tirs».
En 1961, Niki de Saint Phalle est conviée par Jacques Villeglé à participer au Salon Comparaisons. L’œuvre qu’elle y présente, Portrait de mon Amour — tentative d’exorcisation d’un amant insistant — est un assemblage sur panneau réalisé à partir d’une chemise volée à ce dernier et d’une cible figurant sa tête sur laquelle le public est invité à tirer des fléchettes.
Il s’agit de la première action publique de Niki de Saint Phalle, de son premier «Tir». Niki de Saint Phalle raconte elle-même que, voisinant sa pièce, se trouvait une grande œuvre blanche de Bram Bogart: c’est en la voyant que l’artiste aura l’idée de «faire saigner la peinture». Elle se met frénétiquement au travail et convie quelques jours plus tard Pierre Restany à assister à une séance de tir à la carabine sur tableaux. Elle est immédiatement intégrée par le critique au mouvement des Nouveaux Réalistes. Il l’invite également à réaliser sa première exposition personnelle à Paris.
C’est ainsi que Niki de Saint Phalle présente pour la première fois ses «Tirs» en public lors de l’exposition «Feu à Volonté» à la galerie J, en présence de Leo Castelli, Jasper Johns, Bob Rauschenberg et de nombreux autres acteurs majeurs de la scène artistique de l’époque. La carrière internationale de l’artiste est alors lancée avec notamment des expositions à Los Angeles (Dwan Gallery), Amsterdam (Stedelijk Museum) et New York (Iolas Gallery).
Chaque étape de cette carrière naissante est représentée dans notre exposition par des pièces majeures qui l’ont jalonnée depuis les «paysages-assemblages» miniatures de 1958, le Portrait de mon amour et le Grand Tir — Séance de la Galerie J de 1961, le fameux Pirodactyl over New York (dernier grand Tir assemblage réalisé en 1962), les «études» de 1963 pour le grand King Kong aujourd’hui au Moderna Museet de Stockholm, ou encore les Cœurs et les Cathédrales qui montrent le retour de la narration dans cette œuvre singulière.
Ce premier moment magique (il y en aura de nombreux autres dans sa longue carrière) dure cinq années fulgurantes. Ce sont celles que nous avons choisies de présenter dans notre exposition au moment de la sortie de la première biographie officielle en langue française de Niki de Saint Phalle par Catherine Francblin, qui dédicacera son ouvrage le soir du vernissage à la galerie.
L’exposition est accompagnée de la publication d’un catalogue trilingue rédigé par le Dr. Norbert Nobis, Catherine Francblin, Michelle Grabner (prochaine commissaire de la Biennale du Whitney) et Jacques Villeglé. Cet ouvrage est réalisé en collaboration avec la Fondation Ahlers Pro Arte, qui accueillera en février 2014 l’exposition en ses murs à Hanovre — ville où l’œuvre de Niki de Saint Phalle est éminemment représentée notamment dans les collections du Sprengel Museum.