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En Berline

Se faufiler entre les œuvres de «En Berline», c’est accepter d’entrer dans l’ambiance étrange et déroutante conçue de toute pièce par Jean Mairet.
De Bona Fide, la machine à tuer de Via Lewandowsky, étrange guillotine moderne en self-service, à la toile de Clemens Krauss, où des empâtements épais de peinture figurent des êtres en vue aérienne, aux performances bagarreuses d’Alberto Sorbelli, il est question du corps violenté, présent ou non, du corps qui frôle la mort et sa disparition.
Un corps fragile et vulnérable que vient nous rappeler Daniel Sabranski dans ses natures mortes de fruits en plastiques, enfermées dans des cubes de verre, et dont la seule vanité est notre propre image dans le reflet d’un miroir.

Image fugace et insaisissable d’un corps qui naît puis disparaît et que l’on retrouve en filigrane dans l’installation vidéo de Daniel Sabranski, diffusant de manière saccadée des tests Rorschach et des corps qui s’entremêlent. L’inconscient s’emmêle inévitablement, mais loin des théories, ici, c’est l’aléatoire et le hasard qui dominent,  comme dans ces collages de Barbara Breintefellner, où se superposent des images piochées ça et là, sérigraphies ou découpées.

Un vrai tour de passe-passe que d’organiser une exposition dont les  œuvres sont toutes explicitement liées à la mort, sans pour autant plonger le visiteur dans une ambiance glauque et mortuaire.

Sont-ce les travaux de Vincent Corpet et de Patrycja German, exposés dans la dernière salle de l’exposition qui laissent penser à une possible résurrection du corps ?
Vincent Corpet réhabilite le nu dans ses tableaux grandeur nature sans perspective, Patrycja German laisse son corps passer de bras en bras avec toute la délicatesse et la grâce d’une madone dans une performance de vingt minutes.

Mais au-delà de l’épuisement du corps, et de sa possible réincarnation chacun des artistes traite aussi de l’épuisement de leur médium, de son renouvellement, la peinture est mise à l’épreuve dans le travail de Clemens Krauss, d’abord représentative, il la transforme ensuite en amas compact.

Comme le corps l’œuvre se veut également vulnérable, ainsi, dans l’installation de Via Lewandowsky, un fer à repasser crache sa chaleur sur la vitre d’entrée de la galerie, créant une buée éphémère.

— Via Lewandowsky, Rowenta, 2008. Fer à repassé modifié
— Daniel Sabranski, I’m photograph, 2006. Vidéo. 3 mm15
— Patrycja German, 80 vs 3, 2006. Vidéo. 20 mm
— Barbara Breitenfellner, Sans Titre. Technique mixte
— Barbara Breitenfellner, Sans Titre. Technique mixte
— Barbara Breitenfellner, Sans Titre. Technique mixte

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