Communiqué de presse
Anne Teresa De Keersmaeker
En atendant
Horaire: 20h30
— Chorégraphie: Anne Teresa De Keersmaeker
— Scénographie: Michel François
— Costumes: Anne-Catherine Kunz
— Musique: ars subtilior
— Créé avec et dansé par: Bostjan Antoncic, Anne Teresa De Keersmaeker, Carlos Garbin, Cynthia Loemij, Mark Lorimer, Mikael Marklund, Chrysa Parkinson, Sandy Williams, Sue-Yeon Youn
— Musiciens: Bart Coen, Birgit Goris, Michael Schmid, Annelies van Gramberen
Regarder un corps danser sur le plateau d’Anne Teresa De Keersmaeker, c’est forcément voir s’incarner une musique, puisque, tel un instrument virtuose, le danseur est le meilleur interprète possible d’une partition où les notes sont des pas et le tempo un mouvement. Dans sa recherche constante de l’alliance entre danse et musique, la chorégraphe explore un nouveau monde. Après Bach et Webern dans Zeitung, les Beatles et leur album blanc dans The Song, elle a choisi pour inspiration et point d’origine de sa nouvelle création l’ars subtilior. Une forme musicale polyphonique, sophistiquée, datant de la fin du XIVe siècle, qui s’invente notamment à la cour des papes en Avignon à l’époque du grand schisme d’Occident, c’est-à -dire quand d’autres papes siègent parallèlement à Rome.
Cette musique, tout en contrastes, ruptures, superpositions, recoupements et parfois dissonances, est une source de surprise permanente. En ce sens, elle témoigne assez justement d’un temps de crises où les piliers de la société, qu’ils soient politiques ou religieux, furent fortement ébranlés. À partir de ce qui pourrait sembler une partition du désarroi, jouée en direct sur le plateau, Anne Teresa De Keersmaeker compose des mouvements comme si un souffle s’était emparé de sa danse. Puis tout se fige, pour un temps, et seule la vibration d’une voix, la timide résonance d’une flûte légère, parviennent à réanimer des corps qu’on aurait dit gagnés par la mort, omniprésente dans les esprits de cette époque.
L’incarnation passe ici par une intériorisation de la musique, qui transforme les mouvements et les gestes en actes purs, comme si la danse devenait battement d’un cœur, passage du vent sur le plateau nu, langue d’une incorporation souveraine. Mais l’équilibre fragile peut se briser et l’harmonie imploser en chaos, quand la tempête revient du passé et que l’histoire impose aux hommes son cortège macabre, telle une pastorale de la peur.