Communiqué de presse
Jean Dupuy
En 4e vitesse
«Résumé autobiographique»
Dans les années 1960, je vis à Paris et je fais de la peinture lyrique abstraite et gestuelle basée sur la vitesse dans l’exécution. Pas de repentirs.
Je m’installe à New York en septembre 1967. En 1968, j’expose au MoMA et au Musée de Brooklyn Cône pyramide dont le titre, à l’origine, était Heart Beats Dust (Le Coeur bat la poussière) car en battant la poussière, le son du coeur amplifié électroniquement devenait le principal agent constructeur de la sculpture.
Le succès immédiat de cet objet m’oriente dans des recherches qui vont montrer aux observateurs des aspects invisibles de leur corps – la manière dont réagissent, dans certains cas, certaines cellules corticales (les aires visuelles, par exemple, du cortex) ou comment, en suçant une pastille de violette tout en humant l’odeur de la même fleur, l’observateur perd la perception de ses deux sens.
Ces expériences sont montrées, entre 1968 et 1973, à la galerie Sonnabend (New York et à Paris). En 1969, Pierre Gaudibert, conservateur de l’Arc au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, m’invite à faire deux performances: Chorus For Six Hearts et Paris-Bordeaux.
En 1971, j’expose Fewafuel (Fire Earth Water Air) au County Museum de Los Angeles, dans l’exposition «Art & Technology», un moteur Diesel en état de marche, fabriqué pour l’occasion par «Cummins Engine CO2», dans lequel je montre les quatre éléments. En particulier, le feu venant de la chambre à combustion, vu dans un miroir placé à l’extérieur du moteur et, dans un grand vase en verre placé à la sortie du pot d’échappement, la terre, sous la forme de débris polluants. Cette sculpture dénonçant la pollution du fuel provoque alors un grand scandale écologique dans la presse, le lendemain du vernissage.
En 1972, je rencontre Olga Adorno, artiste performeuse (happenings), nous aurons un fils, Augustin, en 1978. Il est aujourd’hui compositeur de musique électronique. Stimulé par Olga, j’organise des performances collectives jusqu’en 1979. En 1974 à «The Kitchen», je réunis quarante artistes qui performent à tour de rôle pendant deux minutes au cours d’un dîner de trois cents personnes. En 1978, je réunis une quarantaine d’artistes pour faire une performance d’une minute, chacun à tour de rôle, au Musée du Louvre, ce qui provoque là aussi un scandale (voir le catalogue Collective Consciousness, P.A.J. éditions, NYC).
En 1973, après avoir quitté la galerie Sonnabend, j’invite trente artistes à faire une exposition collective in situ — dans mon loft 405 E 13thst à New York, intitulée About 405 E 13th st, où rien n’est à vendre. Le succès me pousse à recommencer en 1974 et 1975. C’est au 405 que je fais ma première performance en rasant mes moustaches de gaulois sur une scène tournante qui deviendra, en 1979, une sculpture de 3,50 mètres de hauteur intitulée Lazy Susan et qui sera achevée en 2008 sous la forme d’une horloge musicale intitulée JOA.
En 1981 et 1982, je montre aussi à New York une série de vidéos de courte durée — Chant à capella, Artistes Propaganda I, II et Artists Shorts puis à Paris La Pub et Artists Propaganda III — qui sont produites par le Centre Pompidou.
C’est par hasard (le hasard nous ressemble…) que je fais une anagramme avec les vingt deux lettres American Venus Unique Red imprimées sur un crayon: Univers ardu en mécanique. Cette équation de lettres va changer ma vie. Je quitte New York en 1984, m’installe à Pierrefeu, dans l’arrière pays niçois où j’écris en trois ans un livre d’anagrammes, intitulé Ypudu, anagrammiste, que C. Xatrec publie en 1987. Suivront une quarantaine de livres publiés par divers éditeurs dont le Frac Bourgogne, la Galerie J. Donguy, E. Harvey, F. Conz (Vérone), Semiose éditions.
Entre 1985 et 2003, je fais des workshops dans une douzaine d’écoles des beaux-arts, en France (entre 1969 et 1971, j’avais enseigné à New York, à la School of visual arts). Entre 1998 et 2002, je passe deux mois par an à Puerto Rico et commence une collection de polypes, petites créatures calcaires qui entreront dans la réalisation d’une sculpture mobile mue par quatre moteurs, intitulée Carrousel et acquise en 2008 par le Musée d’art moderne de Paris. Dans les années 1990 et 2000, à partir de galets et bien d’autres ready-made, je crée une grande quantité de choses.
En 2007, je fais une exposition au Mamac à Nice, accompagnée de vidéos réalisées avec Augustin, G. Mathieu, P. Demontaut. En 2008, je montre mes peintures des années 60 à la Villa Tamaris à la Seyne-sur-Mer tandis qu’Eric Mangion, m’invite à la Villa Arson pour une exposition accompagnée d’une monographie (Editions Semiose), dans laquelle il me pose 36 questions.
critique
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