Communiqué de presse
Yann Delacour
Empreintes
Des formes en céramique sont posées au sol de manière ordonnée : en ligne, en arc de cercle, en singleton ou en binôme. Ces groupes évoquent des chaînes de montage ou de tri, ou un atelier peut-être. Certaines sont isolées et posées sur la tranche comme prises à part pour un examen plus poussé. Le regard peut alors les observer sous un autre angle. S’agit-il de vérifier la qualité de la production, observer certaines propriétés ?
La forme de ces corps ressemble aux flo-pak – ces petits éléments de calage en polystyrène qui absorbent les chocs et comblent les vides. Ils permettent justement de transporter des éléments fragiles comme la céramique.
Nommer ces formes «Les Fragiles» permet d’entendre l’enjeu qu’ils portent en eux. D’une quarantaine de centimètres de long sur vingt de large et de hauteur, ils sont beaucoup plus gros que des flo-pak. Ces sont des corps massifs. Mais ont-ils une propension à absorber les chocs ? Ou justement pas ?
«Les Fragiles» se protègent eux-mêmes de leur propre fragilité. Ils sont en même temps la cause et la résultante de leur propre présence. S’ils se protègent d’eux-mêmes c’est bien qu’ils peuvent générer leurs propres chocs. Ils sont à la fois épicentre et hypocentre et ont leur propension à absorber leur propre séisme, ne serait-ce que par leur cuisson à 980 °C.
«Le Fragile» est sa propre onde de choc. Il est un séisme auto absorbé. Quelques fêlures sont d’ailleurs visibles.
Si les flo-pak enveloppent un objet pour le protéger – le spectateur ici est amené à circuler autour des groupes de fragiles disposés au sol. Qui enveloppe qui ? Qui protège qui ? «Les Fragiles» sont des corps pleins et autonomes qui se laissent envelopper par le vide.
Yann Delacour
Novembre 2006