Sener Ozmen, Cengiz Tekin, Berat Isik
Emploi Saisonnier. Quelques uns des mots qui, jusqu’ici, m’étaient mystérieusement interdits
Entre 2004 et 2009, trois artistes de Diyarbakır, Sener Özmen, Cengiz Tekin et Berat Isık, réalisent des travaux photographiques et vidéos inspirés du poème “Quelques-uns des mots qui, jusqu’ici, m’étaient mystérieusement interdits”, écrit en 1936 par Paul Eluard et dédié à l’artiste André Breton.
Directement lié au positionnement surréaliste, ce poème marque un tournant chez Eluard dans son rapport au monde empreint dès lors d’une nouvelle lucidité face à la réalité bouleversée: comment l’artiste peut-il agir alors que partout apparaissent des mots merveilleux qui ne mènent à rien? Comment le poète arrive-t-il encore à écrire alors même qu’il éprouve le grand souci de tout dire? Que veut nous dire Eluard, lorsqu’il juxtapose les mots, guéridon grimace élastique, ou encore quand à déclic il associe un viol illuminé?
Ainsi, le trio d’artistes, prend à son propre compte le reste « supposé » de ces mots interdits. Amour, guerre, enfance, mariage, jusqu’à leurs relations au monde de l’art, sont traités de manière indécise.
L’amitié d’Eluard avec le peintre Max Ernst, tous deux situés sur des fronts opposés, se retrouvait dans leur constat de la force dévastatrice de la guerre, dans leur croyance en la fraternité entre les êtres, dans l’universalité de la pensée et la puissance réconciliatrice de l’art. Une vision partagée par Sener Özmen, Cengiz Tekin et Berat Isık, dans une réalité du présent aussi dure, une réalité où tous les fronts se valent jusqu’à ne plus trouver un camp avec qui s’entendre.