En 1985, le designer italien Andrea Branzi compose une série d’assises qui aura marqué l’histoire du design : Animali Domestici. Soit une série de chaises et bancs alliant assise et pieds en bois traité et dossiers en branches brutes. Pouvant être perçue comme un clin d’Å“il ludique à cette série proche de l’Arte Povera, la pièce Arborescence (2010), du studio BL119 et de l’artiste-jardinier Emmanuel Louisgrand, rejoue ces rapports. Avec un tronc d’arbre disposé à l’horizontale, diversement travaillé. La première partie dégage un volume rectangulaire. La deuxième, zone neutre intermédiaire, laisse apparaître un tronc intact. Tandis que la troisième ouvre l’arbre en un plumet, terminé par des têtes d’outils de jardin (pelles, ramasses feuilles, griffes…). Le dossier métallique de la partie rectangulaire évoque quant à lui un détournement de barrière de police. Toutes les parties en acier sont laquées en bleu azur (ou électrique).
Le banc Arborescence : une rencontre entre l’Atelier BL119 et Emmanuel Louisgrand
Duo de designers stéphanois, Grégory Blain et Hervé Dixneuf (Atelier BL119) participent activement à la promotion du design contemporain émergent. À trois semaines de l’ouverture de la onzième Biennale Internationale Design Saint-Étienne (21 mars 2019), voici donc l’occasion idéale de redécouvrir le prototype Arborescence. Concepteur et producteur, BL119 cultive une esthétique de la sobriété heureuse. Avec des pièces de mobilier (tables, consoles, chaises, luminaires, rangements…) ne gardant que l’essentiel. Pour une approche douce et épurée de la fonctionnalité des objets. En tant que diffuseurs (via la Galerie Surface notamment), Grégory Blain et Hervé Dixneuf encouragent le design expérimental. Dans une dynamique DIY [Do It Yourself – faites le vous-mêmes]. Pour ce banc, ils avaient fait appel à l’artiste Emmanuel Louisgrand, dans un esprit de contrepoint. Pièce robuste et poétique, entre oiseau bigarré et monture improbable, Arborescence ouvre ainsi des imaginaires multiples aux êtres urbains parfois en panne de rêves.
Entre fonctionnalité et sculpture : un banc aussi expérimental que poétique
Rencontre entre un studio de design et un artiste-jardinier, le banc Arborescence porte la marque de sa réalisation polyphonique. Chacun des créateurs ayant suggéré sa propre approche. Conçu pour l’exposition « Local Line 4 », dans le cadre de la septième Biennale Internationale Design Saint-Étienne (autour de la téléportation), le banc est en mélèze. Et l’arbre a été débité suivant les différentes contraintes de production d’une scierie industrielle. L’Atelier BL119 a mis l’accent sur la fonctionnalité, avec une découpe en une passe et l’ajout d’un dossier métallique. Tandis qu’Emmanuel Louisgrand a prolongé le geste en sculpture, étoffant le banc d’une corolle d’outils. Structure imposante (cinq mètres de long), Arborescence est aussi statique que dynamique. Avec une partie sur laquelle s’asseoir, et une autre donnant envie d’être enfourchée. Comme un balais de sorcière-jardinière ou un cheval-machine-outil. Pour un design expérimental, à la lisière du rêve et de la sculpture.