Quels sont les points communs entre Robyn Orlin et Emmanuel Eggermont (Cie L’Anthracite) ? Aucun. Ou plutôt si : la pièce Twice (2019). Chorégraphe blanche et juive née en Afrique du Sud pendant l’apartheid, Robyn Orlin cultive l’activisme par l’art. Ses pièces brassent les catégories, mélangent les genres et célèbrent le courage de l’altérité. À l’instar de and so you see… (2016), ou In a World Full of Butterflies, It Takes Balls to Be a Caterpillar… Some Thoughts on Falling… (2013) [Dans un monde plein de papillons, il faut des couilles pour être une chenille… Quelques pensées sur la chute…]. Chorégraphe et danseur français, Emmanuel Eggermont a quant à lui vécu deux ans en Corée du Sud. Cette expérience, ainsi que sa collaboration de plus de dix ans avec le chorégraphe Raimund Hoghe, ont empreint sa pratique de minimalisme. Cultivant une danse épurée, profonde comme la couleur anthracite, Emmanuel Eggermont creuse les structures. À l’instar de Polis (2018).
Twice d’Emmanuel Eggermont et Robyn Orlin : un double spectacle jeunes publics
Réunis par Le Gymnase | CDCN de Roubaix (Centre de Développement Chorégraphique National), Emmanuel Eggermont et Robyn Orlin livrent ainsi Twice. Une pièce en deux volets de vingt minutes, pour les jeunes publics (dès six à huit ans). Pourquoi les réunir ? Parce qu’ils n’avaient a priori rien en commun (ni accords, ni désaccords), ne s’étaient jamais rencontrés et n’avaient jamais travaillé ensemble. Exercice d’altérité, Twice s’articule ainsi en deux duos, interprétés par les deux mêmes interprètes : Jihyé Jung (Cie L’Anthracite) et Wanjiru Kamuyu (Cie WKcollective). Emmanuel Eggermont propose La Méthode des phosphènes et Robyn Orlin In Order to Be Them We Must Be Us… [Afin d’être eux nous devons être nous…]. Jouant sur l’optique, La Méthode des phosphènes prend les traits d’un duo en forme d’éveil aux couleurs. À la base de ce jeu, un phénomène toujours un peu magique : la persistance rétinienne.
La Méthode des phosphènes et In Order to Be Them We Must Be Us… : double altérité
Après avoir fixé une source lumineuse pendant quelques instants, en regardant une surface neutre apparaît alors une tache colorée, dans les tons verts, puis jaunes, puis roses, puis bleus. Jouant avec ce phénomène optique, La Méthode des phosphènes compose un voyage ludique et expérimental, où les jeunes publics pourront s’étonner du pouvoir des yeux comme de l’imagination. Une balade colorée au sein du regard, à laquelle viendra répondre In Order to Be Them We Must Be Us… Pièce s’adressant en premier lieu aux enfants et adolescents, Robyn Orlin y offre des clés pour comprendre un autre type de phénomène : le harcèlement scolaire. Une expérience aux effets encore plus persistants, peut-être, que les phosphènes. Chorégraphe soucieuse de ne pas laisser l’indifférence s’installer face aux dégâts de l’injustice (réelle comme perçue), Robyn Orlin livre un duo sensible. Un antidote face à la haine et sa spirale de violence. Pour une pièce, Twice, en forme de double expérience de l’inconnu.