Communiqué de presse
Yannick James, Laurent Pernot, Bertrand Gadenne, Bertrand Planes, Mylène Benoit, …
(E)mergences
Pour la première édition de ces rencontres annuelles, Lux invite à interroger la création et les pratiques des images en mouvement contemporaines, dans les champs plastique et cinématographique.
Cette édition est conçue avec l’Ecole Régionale des Beaux arts, le Pôle de musiques actuelle –Valence; la Scène nationale d’Evry, le festival Pocket film/forum des Images/Paris et les acteurs économiques, principalement la Cour des images, qui attire depuis son ouverture en juin dernier de nombreux professionnels, réunis grâce au partenariat d’Imaginov et du Citia.
Les éditions suivantes nous mèneront successivement vers le jeu vidéo et les nouvelles pratiques scéniques.
Jeudi 11 mars de 10h à 17h: pratiques de lecture dans la culture numérique : contribution du design graphique. Tables rondes en collaboration avec l’Ecole Régionale des Beaux-Arts de Valence
Les technologies numériques sont des technologies d’écriture. En tant que telles elles constituent, comme l’invention de l’écriture elle-même il y a 5000 ans, une extension sans précédent de notre cerveau et, ainsi, de nos possibilités cognitives. Grâce à elles, jamais les hommes n’ont possédé autant de possibilités s’étendre les savoirs et leurs capacités d’agir; jamais nous n’avons disposé d’autant de moyens pour satisfaire notre volonté de connaître et de comprendre.
Mais la singularité de ces technologies implique des «savoir-comprendre» qui sont des «savoir-lire» et des «savoir-voir» spécifiques de ceux de la culture du livre. L’émergence de la culture numérique ne signifie pas «la mort du livre».
En revanche, elle engendre un profond mouvement de reconfiguration des pratiques et des apprentissages. Paradoxale, cette culture se forge d’une part sur une massification des médias; d’autre part, elles favorisent l’hyper-individualisation des pratiques. Aussi, cette reconfiguration est celle des rôles assignés à celui qui pratique et apprend –le lecteur quel que soit son âge et à celui qui transmet, l’auteur, l’éditeur, le pédagogue.
Entre les deux s’impose la logique numérique fondée sur les langages de programmation qui sont les textes par lesquels s’ouvrent les contenus. Mais ces textes ne sont pas seulement des clefs d’accès. Ils définissent l’environnement sensible des contenus; ils énoncent les conditions de l’expérience esthétique qu’est susceptible de constituer la découverte et l’appropriation d’un contenu. Ils définissent et structurent l’environnement des jeux vidéos, des didacticiels, des revues en ligne… En d’autres termes, ils constituent aujourd’hui, le socle qu’il s’agit de prendre en compte dans l’élaboration du partage des savoirs.
Nombre d’études menées dans divers champs du savoir interrogent ces transformations. En revanche, peu de réflexions, en France, portent sur la contribution du design graphique à l’accès à ces nouveaux «savoir-lire» et «savoir-voir».
Communément assimilé à une fonction d’emballage créateur de plus-value, il devra, ici, être compris comme l’un des acteurs contribuant au traitement, à l’organisation des contenus, à leurs conditions d’accès et d’appropriation; il agit non pas sur la peau, la surface des choses, mais dans leur structure, dans les processus, dans les relations.
Dans la culture numérique, cette action s’effectue via le langage de programmation, écrit par le designer lui-même ou grâce à sa collaboration avec un ingénieur ou un programmeur. Leur réunion contribue à créer les conditions d’une expérience esthétique ou à en frustrer le lecteur. «Expérience esthétique»: ces termes doivent, ici, être entendus comme ce qui désigne une relation singulière et unique à un objet, un dispositif; comme ce qui participe de la construction de tout individu, sans que l’objet ou le dispositif désignent nécessairement une oeuvre d’art.
Aussi, interroger les rôles que le design peut jouer dans la culture numérique, en particulier dans la mise en oeuvre des pratiques et des conditions d’appropriation des savoirs-lire et des savoir-voir, c’est interroger les modalités d’une contribution à la formation des individus.
L’Ecole régionale des beaux-arts de Valence organise une journée de réflexion articulée autour de deux tables rondes. Elle tentera de préciser les contours de cette réflexion en favorisant la rencontre entre des chercheurs et des designers.
10h à 13h: production et diffusion des savoirs en ligne.
Modérateur: Annick Lantenois. Interventions de Marin Dacos, ingénieur de recherches au CNRS et Directeur du Centre pour l’édition électronique ouverte (Cléo) , Alain Giffard, président d’Alphabetville. Stéphanie Vilayphiou et Alexandre Leray, auteurs et designers de Issue Magazine,
14h30 Ã 17h: outils d’appropriation des textes.
Modérateur : Gilles Rouffineau. Interventions de Florian Cramer, directeur des études au Piet Zwart Institute, Master Media-design, à Rotterdam Pierre Cubaud, enseignant au Conservatoire des Arts et Métiers et chercheur au Centre d’Etudes et de Recherche en Informatique. Yannick James, designer graphique, GutenbergReader,
18h30: «performance capture: l’effet Avatar» Conférence.
Vendredi 12 mars à partir de 14h: artistes et images numériques/l’image en dehors de l’écran.
14h à 17h30: table ronde avec Laurent Pernot, Bertrand Gadenne, Bertrand Planes et Mylène Benoit, artistes, animée par Nicolas Rosette, conseiller artistique en arts numériques/Scène nationale d’Evry
18h à 20h: visite commentée des oeuvres par les artistes
Cinéma ou captation en direct, animation pré-calculée ou temps réel, que devient l’image animée, hors de l’écran dans notre société prochainement post-télévisuelle?
Classiquement pensée comme un espace détaché du reste de la réalité, confiné à la diffusion sur ou dans un écran, l’image pouvait être considéré comme « le bout de la chaîne » d’une production de l’esprit. Une finalité rectangle projetée sur un support uni, clair voire blanc, rigide voire vitré. L’image est désormais considérée, et notamment en terme de représentation cognitive, comme une sorte de voile, de calque qui se superpose sur le regard.
Sa nature lumineuse, sa transparence, plus précisément sa transluciditéest acceptée, reconnue. Avec la possibilité maintenant offerte de la manipuler du bout des doigts dans nos téléphones, elle nous semble à la fois de plus en plus évanescente et néanmoins confinée. Il est pensable qu’à l’ère de la « 3D » l’image représentée en « 2D » ne nous contente plus, nous désirons désormais la voir évoluer dans l’espace. De fait l’image 2D est donc aujourd’hui considérée comme le voile évoqué plus haut.
C’est dans la culture numérique que cette conception est le plus clairement formulée. Si l’idée de transparence n’est pas nouvelle, c’est l’association avec une idée de plasticité organique qui est innovante. Dans les logiciels de création 3D, les images « plates » (kins) et sont vouées à être plaquées sur des volumes. Elle ne possèdent pas de réfractivité propre et, d’une certaine manière, génèrent leur luminosité.
C’est cette conception d’une image presque vivante qui habite dorénavant notre l’imaginaire. Evoquer ou révéler ce nouvel imaginaire est le propos de nombreux artistes contemporains, et notamment les quatre artistes invités par lux:
– Laurent Pernot travaille la vidéo autant que son environnement de diffusion. Considérant l’oeuvre et l’espace d’exposition comme un ensemble indissociable il ne se satisfait pas de présenter ses travaux vidéo sur des moniteurs TV. Chez lui l’image est libérée de l’écran, projetée sur du verre, des fils, des billes, éventuellement dans un cadre rectangle. A l‘occasion d’(é)mergences, lux produit l’exposition «Survivance des lucioles».
– Bertrand Gadenne, utilise la vidéo et la nature évanescente de la lumière pour créer
des illusions dont le fragile équilibre nous confronte à notre spontanéité humaine Ã
« vouloir y croire ». Il exposera au lux son œuvre « le rat ».
– Bertrand Planes, s’amuse à détourner les objets et les représentations ordinaires. Sa série d’installations Bump it!applique le principe de bump mapping (technique issue de la 3D) sur des objets physiques, il en présentera un module.
– Mylène Benoit, initialement formée aux nouvelles images, sa recherche sur la représentation et l’imaginaire des corps dans la société des médias l’amène à investir les plateaux de danse contemporaine. Traitant la scène comme de la pellicule tridimensionnelle, elle construit ses spectacles à la manière d’un réalisateur cinéma.
20h: Shirin film numérique d’Abbas Kiarostami
Samedi 13 mars à partir de 16h:
nos usages des images, aujourd’hui et demain
16h à 19h: démonstrations de prototypes «cross média» en collaboration avec Imaginov et la cour des images:
– Polo, une production en développement par Bayard presse Folimage/les tanukis, présentée par Pascal Le Nôtre , producteur (Folimage)et Nathalie Becht (directrice cross media Bayard jeunesse audiovisuel), Damien Briatte (les tanukis)
– les réservoirs, association pour le développement économique et éducatif du cross média, présentée par Sandra Corallo, chargée du développement
– les actions du CITIA Annecy, présentées par Patrick Eveno
– Marc Guidoni Orange (sous réserve)
16h à 20h30: le téléphone portable est-il l’avenir du cinéma ?
par Benoît Labourdette, réalisateur, directeur artistique du Festival Pocket Films)
Le téléphone est dans presque toutes les poches, en permanence. Qui oublie son téléphone portable ? Notre prothèse de communication ne nous quitte désormais plus jamais. Une caméra s’est insérée dedans il y a 5 ans. Dans peu de temps, tous les téléphones auront une caméra. Une caméra qui n’en est pas une. Des cinéastes s’en sont emparés pour raconter des histoires, comme Méliès s’était emparé de la caméra Lumière en 1895 pour raconter des histoires. Pour des films spontanés, « authentiques », qui ramènent à l’ontologie première de l’image, et peut-être à une certaine essence de la représentation filmée, donc à son avenir.
16h à 19h: Les acteurs inconscients. Film + Atelier réalisation de film avec téléphone portable
Les acteurs inconscients (Benoît Labourdette, 2009, 50 minutes): un journal filmé, trente jours de vie, trente plans séquence, tout simplement. Mais dès qu’on y entre s’y déploient des personnages, supports de nos projections, autour d’un malheureux chien blanc, abandonné sans comprendre, broyé par les désirs des êtres humains, meurtri, qui prendra sa revanche sur ses bourreaux.
Après la projection du film, dont la fin pose une question ouverte, le réalisateur, présent, propose aux spectateurs de se mettre par petits groupes et d’imaginer, puis de tourner, chacun une suite, ou une réponse au film: le 31è plan séquence. Les tournages se font immédiatement.
Puis, on projette les suites ou fin proposées, et on prend le temps de dialoguer. Un moment d’échange fort, une occasion exceptionnelle de se confronter en pratique à la matière des images d’aujourd’hui et de leurs enjeux profonds.
19h à 20h30: sélection de courts métrages du Festival Pocket Films
Une sélection des meilleurs films de l’édition 2009 de Pocket Films, qui creusent l’image quotidienne pour y révéler la poésie, le fantastique, le drame, l’horreur, tout autant que la joie, l’humour, la découverte de l’autre et du monde, par la voie de l’intime.
18h à 22h: le Vjing, scénario numérique
18h à 20h30: atelier initiation et découverte du Vjing et Mao en collaboration avec le Pôle musiques actuelles de Valence
VJing ( création et live vidéo): introduction au Veejaying et au Live Video par le collectif Wood, de la création d’animation jusqu’à la représentation scénique en live Musique assistée par ordinateur: atelier ludique animé par Emio Diaz, Victor Mantel (digital barro) et le groupe Vektorkat pour découvrir les logiciels de création et d’édition musicale. Ateliers ouverts à tous–pas de connaissances musicales requises.
21h: Performance audiovideo «Vektorkat (Electro) et collectif Wood (VJ)»
En interaction permanente, les artistes vont modeler en direct des compositions audiovisuelles, des scénarios numériques où image et musique vont se nourrir mutuellement. Wood est un collectif de vidéos et d’installations scénique composé de Ease et Bastardgraphics, graphistes à la démarche ludique et décomplexée.
Leurs créations vidéo naviguent entre animation colorée et dynamique et film live riche d’effets spéciaux numériques autant que de trucages faits maisons. Vektorkat (Valence) est un groupe électro réuni par l’envie de composer des morceaux saturés dans le but de faire du live. leur mot d’ordre: faire danser.
Entrée libre pour toutes les séances (sauf le film Shirin)
Renseignements et inscriptions
Lux Scène nationale de Valence
36 bd du général de Gaulle
26000 Valence
tél 04 75 82 44 15