Le spectateur entre dans un espace à l’architecture bouleversée. Les quatre murs de la salle de la galerie n’existent plus, puisque des grands panneaux colorés sont disposés dans l’espace de manière à le redynamiser.
Les couleurs frappent le regard en se détachant sur le blanc du mur. Elles forment également des ensembles plus ou moins cohérents : par exemple, un groupe composé de rouge, noir et jaune construit une dynamique forte alors qu’il s’oppose à un autre groupe composé d’un rose chair, d’un mauve et d’un bleu clair.
Par de telles harmonies et de telles antipathies, la respatialisation s’opère. L’artiste ménage des intensités dans l’économie générale de l’œuvre. On pense à Daniel Buren et à ses jeux visuels sur l’architecture et les couleurs lorsqu’il installe des éléments dans l’espace afin de le faire éclater et de modifier la perception classique du regard.
En effet, en fonction de la position du spectateur, de nouveaux angles de vue apparaissent, de nouvelles perspectives. L’œil reconstruit des marquages visuels pour ne pas se perdre. Il se laisse quand même piéger par des effets de perspectives qui semblent écraser les angles alors que de nouveaux polygones voient le jour.
Gerwald Rockenschaub donne à voir une géométrie paradoxale, variable et mouvante. Cette géométrie est ambiguë puisqu’on pourrait presque dire qu’elle est avant tout fondée sur la perception humaine. On est alors placé dans un véritable espace mental, fait de plis et de replis.
Le titre donné à l’exposition est également significatif d’une volonté de jouer le jeu de la métaphore : de quelle romance parlons-nous ? celle de l’espace et du spectateur ? Cela fait sans doute référence à l’idée de «minimalisme funky» qui qualifie souvent l’artiste, expression oxymorique qui allie l’objectivité rationnelle du minimalisme et l’extravagance du funk…
Gerwald Rockenschaub
— Embrace Romance !, 2006. Installation, acrylique sur panneau en bois et aluminium.