Avec Sunny, Emanuel Gat et Awir Leon livrent une pièce qui conjugue chorégraphie et live musical. Pour un spectacle né de la rencontre entre deux artistes contemporains. D’une part le chorégraphe Emanuel Gat, qui cultive une danse à la fois contemporaine et proche du ballet, avec un rapport appuyé à la beauté. Et de l’autre le compositeur, chanteur et musicien Awir Leon, qui déploie sur scène une performance live aux accents tantôt électro-pop, tantôt minimalistes. Pièce pour dix danseurs, la scène semble parfois se transformer en défilé de mode un peu sauvage et mystérieux. Avec des personnages augmentés de luxuriantes bigarrures. Pour mieux ensuite se dépouiller et laisser paraître des corps singuliers. Comme celui de la danseuse Annie Hanauer, arborant une prothèse au bras droit.
Sunny d’Emanuel Gat et Awir Leon : entre ballet et live électro
Sur des sonorités parfois pop sucrées et printanières, à la manière de la ritournelle Sunny, de Bobby Hebb, le spectacle homonyme laisse deviner l’été. Un peu moins 1960s et un plus sombre que la version de Boney M ou Marvin Gay, pour autant Sunny reste un spectacle empreint d’optimisme. Avec un côté solaire, dans la beauté qu’il déploie. Et une envie de mouvement, une vibration chorégraphique, qui se propage entre les onze interprètes arpentant la scène. S’y alternent des passages expérimentaux, où compositions musicales, vocales et gestuelles s’entrelacent. Et des moments plus retenus, comme suspendu, où l’électro pulsée d’Awir Leon, sa voix, forment alors la texture du rythme. Pièce où tour à tour la musique et la danse s’épaulent et se relaient, Sunny écrit une partition, file un récit à fleur de peau. Expérience plus sensorielle que didactique, Sunny explore les écritures chorégraphiques.
Une expérience sensorielle, conjuguant danse contemporaine et musique
Spectacle qui prend sa pleine ampleur dans des espaces à l’acoustique pointue, la première de Sunny s’est déroulée en 2016 à la Biennale de Venise. Une position interdisciplinaire qui se retrouve aussi bien chez le chorégraphe Emanuel Gat que chez le musicien Awir Leon. Tous deux habitués à travailler ensemble, d’une part. Et ce, sans que musique et danse ne se retrouvent dans un rapport de servitude l’une vis-à -vis de l’autre. Et tous deux, d’autre part, également coutumiers des métissages culturels. Le chorégraphe Emanuel Gat ne s’effrayant pas, par exemple, de jongler entre les genres. Ballet classique, danse moderne, danse contemporaine… Pour une fraicheur aussi érudite qu’éclectique. Du Sacre du Printemps d’Igor Stravinsky, au Requiem de Wolfgang Amadeus Mozart, à la musique de Squarepusher en passant par celle de Iannis Xenakis, des Beatles ou de Gustav Mahler… Les pièces d’Emanuel Gat, Sunny incluse, jouent ainsi la carte du tourbillon sensoriel.