La foire internationale Paris-Photo, qui se tient habituellement au Grand Palais, s’est repliée cette année sur le site internet ellesxparisphoto.com, en se consacrant exclusivement aux femmes-photographes pour dénoncer leur constante sous-représentation dans le champ photographique. En 2019, dans la foire un quart seulement des photographes étaient des femmes.
Face à cette situation, la commissaire Karolina Ziekinska-Lewandowska a choisi de promouvoir les Å“uvres de plus d’une trentaine de photographes-femmes, et de leur donner la parole au travers d’interviews exclusives. Parmi elles, le duo mexicain Lake Verea, composé de Francisca Rivero-Lake Cortina et de Carla Verea Hernández, dévoile la ruine de l’architecture moderne.
Lake Verea : l’architecture moderne sous une autre lumière
Depuis 15 ans, le duo Lake Verea crée des séries sur l’architecture moderne. La série «Cuartos Obscuros, Barragán en Penumbra» (Chambres noires, Barragán dans la pénombre) rassemble des photographies prises dans la maison de l’architecte mexicain Luis Barragán, lors de nuits de pleine lune ou d’orage. Les photographies révèlent des volumes et des motifs nouveaux, et suscitent des émotions entre mélancolie, frayeur et enchantement.
La série «Paparazza moderna» se concentre, quant à elle, sur deux maisons, l’une conçue par Walter Gropius, fondateur du Bahaus, l’autre par Marcel Breuner, architecte associé à ce même mouvement. Lake Verea en photographie l’intimité et l’extrême préciosité, et transforme dans sa série «Uno a uno/Bellas Artes» les détails de l’architecture du Palacio de Bellas Artes de Mexico en Å“uvres abstraites.
Lake Verea : fusion des subjectivités
Dans le duo Lake Verea, l’œuvre se crée en commun de la prise de vue au développement des photographies. Cette collaboration est cultivée pour devenir une véritable fusion entre deux identités, deux subjectivités, deux sensibilités. Lorsqu’elles photographient, Francisca Rivero-Lake Cortina et Carla Verea Hernández échangent régulièrement leurs appareils, afin d’unir leurs regards respectifs sur une même pellicule et de fondre le travail de l’une dans celui de l’autre.Â
Le nom de leur duo témoigne également de cette volonté de fusion, de confusion et de dépassement : « Lorsque nous avons choisi le pseudonyme Lake Verea, nous avons décidé d’utiliser nos noms de famille plutôt que nos prénoms, afin de dépasser la classification de genre, même si nous ne dissimulons jamais notre véritable identité ni nos noms complets».