Cent dix artistes femmes, qui ont Å“uvré de 1860 à 1980 à créer, co-créer ou re-créer l’abstraction, sont exposées, dans une collection à l’approche chronologique, qui met en lumière les pivots, croisements, les Å“uvres charnières qui ont construit l’histoire de l’abstraction en art. Le centre Pompidou affirme ainsi son engagement pour une histoire de l’art plus globale, qui met en avant le rôle du contexte historique, politique et social dans la création des Å“uvres, qui insiste sur la diversité des formes d’art abstrait, et qui met en lumière des femmes souvent invisibilisées.
Une histoire plurielle
L’histoire de l’art n’est pas une succession de révolutions. C’est un processus, avec ses moments-pivots, ses choix, et ses acteurs. Le centre Pompidou retrace une histoire méconnue de l’abstraction, en la faisant remonter jusqu’aux tableaux spirites de Georgiana Houghton, en 1860, à une époque où le mot même d’« abstraction » ne s’appliquait guère à l’art. L’exposition suit ensuite un ordre chronologique, en s’arrêtant quelquefois pour des mini-monographies visant à faire connaître des artistes femmes souvent éclipsées et mal connues en Europe.
Le centre Pompidou a eu à cÅ“ur de donner une image plurielle de l’abstraction, qui dépasse le canon occidental pour valoriser des artistes afro-américaines, sud-américaines, asiatiques, qui n’ont commencé à être révélées que dans les années 1970. Cette approche nécessitait aussi de s’intéresser à plusieurs media, au-delà des arts plastiques : souvent, le contexte social a éloigné les femmes des « arts nobles », pour les laisser s’exprimer dans les arts décoratifs ou les performances.
Artistes femmes ou femmes artistes ?
Si l’exposition est celle de cent dix artistes femmes, il ne s’agit cependant pas d’une exposition féministe. Certaines des artistes présentées, comme Judy Chicago, ont bien sûr eu une démarche politiquement militante ; d’autres, à l’instar de Sonia Delaunay-Trek, cherchent à dépasser le clivage du genre en art.
Il s’agit surtout de faire contrepoids à l’invisibilisation des artistes femmes, pour rappeler leur rôle créateur dans la naissance et l’évolution de l’abstraction. L’exposition s’accompagne d’ailleurs d’un MOOC certifiant « Elles font l’art », consacré au rôle des femmes de toutes nationalités dans l’art des XXe et XXIe siècles.