Ida Tursic et Wilfried Mille
Elizabeth Taylor in a landscape, painting nature’s beauty and the caress of the smirking sun over the mountains.
La toile qui donne son titre à la nouvelle exposition d’Ida Tursic et Wilfried Mille à la galerie Almine Rech, «Elizabeth Taylor in a landscape, painting nature’s beauty and the caress of the smirking sun over the mountains», fait partie d’une vaste série de peintures sur bois de petit format, telles les icônes du panthéon personnel des deux artistes.
Dans ce panthéon se côtoient les représentations d’artistes célèbres des XIXe et XXe siècles (Édouard Manet, Piet Mondrian, Gustave Courbet, Paul Cézanne, Jeff Koons, Jean-Dominique Ingres, Marcel Duchamp, Pablo Picasso, David Hockney), des écrivains (Honoré de Balzac, Marguerite Duras, Michel Houellebecq, William Burroughs, Oscar Wilde), des chanteurs et musiciens (les Sex Pistols, Kurt Cobain, Iggy Pop), des cinéastes (Jean-Luc Godard), Marilyn Monroe, etc., de quelques amis et… d’un chien.
Cet ensemble aux allures d’hommages est emblématique de l’art d’Ida Tursic et Wilfried Mille qui se nourrit de celui des autres, passés ou contemporains, et se construit par le dialogue avec ces autres créations. Ainsi, un ensemble de trois tableaux représentant Bettie Page, la célèbre pin up des années cinquante. Les trois toiles sont presque identiques, seul un traitement secondaire les distingue. Trois fois le même traitement, des taches de couleurs recouvrant le portrait, mais disposées à des endroits différents — ce qui rend chaque composition unique. Ce triptyque exprime la méthode d’Ida Tursic et Wilfried Mille.
La confrontation avec l’histoire de l’art: la position du corps et la triple représentation renvoient au Fifre d’Edouard Manet, aux Poseuses de Georges Seurat et au Triple Elvis d’Andy Warhol. Mais au-delà des références, c’est la peinture elle-même qui est au centre du travail des deux artistes, et sa capacité à «parler d’autre chose que d’elle-même».
En outre, l’image de Bettie Page, comme la plupart de celles qui inspirent les tableaux d’Ida Tursic et Wilfried Mille, est issue d’une banque d’images accessible sur Internet, et non pas de reproductions des Å“uvres des peintres auxquels elle renvoie. Elle est seulement porteuse de détails qui rappellent tel ou tel tableau.
Là se situe ce qui intéresse Ida Tursic et Wilfried Mille: discerner dans la masse d’images anonymes brassées par le web ce qui permet d’entrer en contact avec l’histoire.