Située à Saint-Étienne, la Galerie Surface promeut le design contemporain innovant. Dans sa forme même, la Galerie Surface défend une autre manière d’être. Elle a fait de sa vitrine le lieu d’exposition, pour une visibilité accrue des pièces, de jour comme de nuit. Portée par le duo de designers BL119 (Grégory Blain et Hervé Dixneuf), l’association Surface développe ainsi son rôle prospectif dans le paysage du design contemporain. Une dynamique également à l’œuvre dans l’exposition « Corps Creux », des designers Élise Gabriel et Bertrand Gravier. Soient deux designers qui mettent ici en commun leurs expériences pour mieux s’emparer d’un matériau atypique (et coup de cœur) : le Celloderme. De cette coopération résultent des objets et pièces de mobilier empreints de poésie, de fonctionnalité et de plasticité. Entre prouesse technique et conscience écologique assumée, pour « Corps Creux » Élise Gabriel et Bertrand Gravier ont travaillé avec la Cartonnerie Jean.
Exposition « Corps Creux » (Galerie Surface) : un matériau innovant, le Celloderme
Installée à Bonnat, dans la Creuse, la Cartonnerie Jean travaille le carton recyclé depuis 1927. Elle est pionnière dans le développement du Celloderme, ce carton haute densité, à la fois modeste, résistant et souple. Proche du feutre dans sa densité, et du plastique pour sa souplesse formelle, il permet des usages innovants. En fibre agglomérée, le Celloderme mérite une courte présentation : matériau rigide, il est fabriqué à partir de feuilles, par enroulement de couches à l’état humide, puis pressé et séché au four. Réagissant bien au pliage, il peut être thermoformé. Résistant à l’éclatement, il l’est aussi à l’eau. Après traitement, son taux d’absorption descend à 3 – 5%. Pour « Corps Creux », Élise Gabriel et Bertrand Gravier ont donc jeté leur dévolu sur le Celloderme, livrant ainsi une série de pièces contrastées. Entre une pliabilité rappelant la tôle en acier, et une douceur, une chaleur au toucher, propres à la cellulose.
« Corps Creux » d’Élise Gabriel et Bertrand Gravier : un mobilier résistant et sensuel
Ce côté soyeux et feutré de la cellulose s’étend jusqu’aux sonorités des pièces, légères et mobiles. Le galbe, la torsion et le cintrage ont fait partie des techniques employées au fil de cette recherche. Traitant le Celloderme presque comme un textile, Élise Gabriel et Bertrand Gravier livrent des pièces sobres, finement modelées. Comme, par exemple, les tréteaux Colonnades, formés à partir d’une seule plaque de Celloderme. Des tréteaux arborant un jeu de stries colorées, qui soulignent ainsi les ondulations du matériau. Pour une évocation tout en douceur du Brutalisme architectural, sans le poids du béton. Tandis que le tabouret Osselet joue pour sa part sur le contraste entre mollesse d’apparat et résistance du matériau. Avec des finitions délicates qui se retrouvent également dans la gamme des accessoires de bureau. Ainsi que dans la corbeille à papier Cornette, aux coloris pastel, dotée d’une bannette, pour les papiers à réutiliser. Sensuelles et charnues, les pièces de « Corps Creux » cultivent l’étonnement.