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Eleven Years

S’interrogeant sur la difficile représentation de soi, les photographies de Jen Davis mettent en scène les émotions suscitées par un corps imparfait et la quête de désir charnel. Onze années auront été nécessaires pour mener à bien ce projet photographique aussi déstabilisant que parfaitement maîtrisé, signé d’une jeune et déjà grande photographe.

Information

Présentation
Jen Davis
Eleven Years

Dès l’âge de 23 ans, Jen Davis, qui a toujours souffert d’obésité, entame une étonnante quête sur sa propre image. Onze années durant, elle réalise des autoportraits d’une troublante beauté, magistralement composés où l’obsession de la lumière joue avec une apparente simplicité. Photographier un corps imparfait apparaît comme un moyen de questionner les normes sociales: avec un air de défi, Jen Davis affronte le regard du spectateur.

Tout au long du livre, sa démarche évolue. On aperçoit, parfois au travers d’une porte ou d’une fenêtre, une jeune femme au regard souvent mélancolique. Petit à petit, la scène photographique devient un espace à dimension fantasmatique. Jen Davis compose des situations intimes avec des hommes qu’elle a rencontrés, qui ont éveillé son désir mais n’y ont pas répondu.

«En définitive, dit Jen Davis, mon travail parle de l’inconfort de chacun avec soi-même». Onze années auront été nécessaires pour mener à bien ce projet photographique aussi déstabilisant que parfaitement maîtrisé, signé d’une jeune et déjà grande photographe.

«Sans la corpulence de Jen Davis, on percevrait volontiers ses images comme la chronique intime et habile d’une jeune femme d’une vingtaine d’années. Elle traîne avec des amies, fréquente le restaurant du coin, lave ses vêtements et accomplit d’autres activités quotidiennes. Le spectateur remarquera sans doute aussi qu’elle est d’ordinaire seule — elle fume, mange et, jusqu’au milieu de la série, dort seule. De plus, durant les onze années qu’a duré ce projet, elle ne se départit jamais de son sérieux, qu’elle fixe l’appareil photo ou regarde dans le vide. Il n’y a ni rire spontané, ni clin d’œil, ni étreinte passionnée. Le spectateur commence donc à chercher un récit susceptible d’expliquer ce comportement et d’atteindre le cœur de cette série d’images. Jen Davis est obèse, et il devient alors trop facile pour le spectateur d’expliquer sa solitude et sa gravité par son poids.

En 2002, Jen Davis commença à s’interroger sur sa vie. Elle avait toujours souffert de surpoids sans se demander ce que cela signifiait. «Telle était mon apparence», dit-elle dans un entretien. «Voilà ce que je savais et voilà qui j’étais.» Mais à 23 ans, elle s’intéressa au fait de peser beaucoup plus que la plupart des autres jeunes femmes de son âge. Elle utilisa alors son appareil photo et les compétences photographiques qu’elle avait acquises pour réfléchir aux idées liées à l’apparence physique, aux standards sociétaux de la beauté, et pour questionner la manière dont ces standards modifiaient son existence. «J’ai dû me placer devant l’appareil pour vraiment comprendre ce que j’essayais de communiquer», dit-elle. La mise en œuvre de ces images lui permit d’interroger, d’imaginer, d’affronter et d’aller de l’avant.»

Cet ouvrage contient également un long entretien de Jen Davis avec John Pilson et un texte d’Anne Wilkes Tucker qui permettent de mieux saisir la démarche de la photographe.

Sommaire
— Œuvres
— A la recherche du récit, Anne Wilkes Tucker
— Chansons d’amour et scènes mélancoliques, Entretien entre Jen Davis et John Pilson
— Liste des photographies