L’exposition « L’Échappée belle » au Grand Café, centre d’art contemporain de Saint-Nazaire, réunit les créations de deux artistes dont la pratique repose sur l’iconographie, Eléonore False et Aurélie Pétrel. Au-delà de cet intérêt commun pour les images, ces deux jeunes plasticiennes partagent une même volonté d’explorer les potentiels de l’image imprimée ou photographique, à rebours d’une époque dans laquelle l’expérience de l’image passe essentiellement par les canaux numériques et les écrans.
« L’Échappée belle » : Eléonore False et Aurélie Pétrel au Grand Café
Les œuvres d’Eléonore False, réalisées par impression jet d’encre sur papier ou par simples découpages et collages, tirent leur matière de livres des années 1980, par exemple d’art, de médecine ou de botanique. Elle en scanne ou photocopie des photographies, qu’elle fait parfois passer de la couleur au noir et blanc, puis qu’elle morcèle, mélange aléatoirement, avant de les fixer. Ainsi les images originales, ayant perdu toute leur signification première, affirment leur matérialité et renaissent selon des formes inédites.
De la photographie à la sculpture et à l’installation
Aurélie Pétrel étend sa pratique de la photographie à la sculpture et à l’installation, de la planéité des tirages à leur activation en volume. Depuis 2012, elle collabore avec Vincent Roumagnac, initialement metteur en scène de théâtre, autour d’installations qui explorent l’évolution de la notion et de la pratique de la scène suivant les changements climatiques et techno-écologiques. Par des protocoles de réactivations, ces installations interagissent avec leur environnement d’exposition et les modalités de visibilité publique des œuvres.
Eléonore False et Aurélie Pétrel révèlent le potentiel de l’image
Par le biais d’éclatement et de reconstruction des images, Éléonore False et Aurélie Pétrel génèrent des situations visuelles qui entraînent le spectateur dans une expérience physique et directe des œuvres. Les multiples stratégies adoptées par les deux artistes, l’association du texte et de l’image, la mise en scène et en séquence, le recours aux fragments, le passage du plan au volume ou encore les ellipses visuelles, créent une trame narrative laissée en suspens, qu’il appartient au spectateur d’activer.