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Eléonore de Montesquiou et Barbara Breitenfellner

14 Nov - 22 Déc 2006
Vernissage le 11 Nov 2006

Par l’installation d’objets et d’images fixes ou animées, les deux artistes proposent des narrations «en pointillé», suscitant autant la curiosité que la perplexité de ceux qui en prennent connaissance...

Eléonore de Montesquiou et Barbara Breitenfellner
Eléonore de Montesquiou et Barbara Breitenfellner

La rencontre d’Eléonore de Montesquiou et de Barbara Breitenfellner en appelle à une Schöne Logik[1]. Toutes deux proposent par l’installation d’objets et d’images – fixes ou en mouvement – des narrations «en pointillé» suggérant autant la curiosité que la perplexité de ceux qui en prennent connaissance, ne trouvant à les suivre aucune issue clairement assurée.

Le monde de Barbara Breitenfellner semble configuré selon une géométrie non-euclidienne qui en appelle autant à Lewis Carroll[2] que, par certains caractères, à l’univers surréaliste. Barbara Breitenfellner associe des éléments qui n’ont a priori aucune raison d’être rapprochés : elle procède par « tableaux » composés d’alignements disparates d’objets-trouvés, de photographies documentaires ou non suscitant, par leur présentation épinglée au mur ou plaquée sous verre, l’analogie avec le monde souvent étrange des collections: vitrines à papillons ou cabinets de curiosité innombrables depuis la Renaissance jusqu’au XIXe siècle. Pour autant, rien dans cette disposition ne paraît hasardeux, mais au contraire semble tracer avec une détermination sans faille l’indication d’une volonté implacable.

L’Univers d’Eléonore de Montesquiou relève plus directement de la mémoire, intime autant que collective, celle en particulier de ces «Atom Cities» [3] rayées de la carte de l’URSS dont elle témoigne d’un retour semble-t-il incertain dans un présent encore à peine discernable. Eléonore de Montesquiou interroge ainsi le thème de la frontière, celle des anciennes villes closes soviétiques où l’on retrouve ce caractère paradoxal d’une mise en scène dont la précision n’a d’égal que le soin apporté à se conformer aux exigences d’une intemporalité. Le documentaire y est toujours légèrement décalé, exposant un témoignage un peu différé, juste assez distancié pour construire sa propre voie parallèle de manière pour ainsi dire polyphonique, s’inscrivant dans un présent dilaté entre un passé entrevu et un futur inespéré.
Bernard Zürcher

[1] Pour reprendre le titre de la récente exposition de Barbara Breitenfellner à Capri, Berlin (22 avril-13 mai 2006).
[2] pseudonyme du mathématicien Charles Lutwidge Dodgson.
[3] Les villes côtières de Paldiski et Sillamäe en Estonie sous domination soviétique entre 1944 et 1991, vouées à la recherche nucléaire et donc totalement closes, retrouvent brutalement une existence légale, mais leur intemporalité n’en finit pas de se dissoudre.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Stéphanie Katz sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

Barbara Breitenfellner & Eléonore de Montesquiou

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