Avec ce programme composé de deux créations, le Ballet national de Lorraine souhaite interpeller des chorégraphes d’aujourd’hui, Cindy Van Acker et Marcos Morau, autour du thème de la saison et des questions issues de celui-ci: en quoi leurs œuvres interrogent-elles directement notre époque? Dans quelle mesure celles-ci donneront naissance à une forme de danse évolutive ou révolutionnaire?
Elementen I – Room par Cindy Van Acker
Le projet Elementen est un projet qui englobe plusieurs créations à venir et doit son titre à l’œuvre Eléments, traité de mathématiques et de géométrie écrit par Euclide. Cindy Van Acker s’inspire de cette œuvre dans la mesure où elle utilisera, pour le projet Elementen, des principes géométriques pour régir les déplacements des danseurs, leurs positions dans l’espace, l’écriture du mouvement et le rythme des lumières. Elementen I-Room, le premier volet du projet, est une création pour seize danseurs du CCN-Ballet de Lorraine. Elle sera jouée pour la première fois en mars 2016, en réponse à la commande de Petter Jacobsson, sur le morceau I’m sitting in a room du compositeur Alvin Lucier.
«J’ai décidé de travailler sur I am sitting in a room d’Alvin Lucier créé en 1996. ll s’agit d’un discours énoncé par le compositeur qui se répète, est enregistré et rediffusé jusqu’à ce que les fréquences naturelles et résonnantes de la chambre se renforcent et prennent le dessus sur l’aspect concret de la voix et la compréhension des mots. Le focus se pose au niveau tautologique, le dispositif de ce discours répété encore et encore provoque une transformation progressive de celui-ci, il se désagrège jusqu’à mener à sa disparition.» Cindy Van Acker.
Le surréalisme au service de la révolution par Marcos Morau
Marcos Morau a le désir de représenter le monde qui l’entoure comme un reflet de son propre univers intérieur avec son collectif La Veronal, basé à Barcelone et composé d’artistes venant de la danse, du cinéma, de la photographie et de la littérature. Il a reçu en 2013 le Prix national du meilleur chorégraphe espagnol. Marcos Morau souhaite, pour la création Le surréalisme au service de la révolution, s’inspirer des artistes du surréalisme et en particulier de Luis Buñuel. Son monde onirique, sa pensée critique et politique, son environnement culturel et sa passion du tambour, instrument très présent dans le folklore de sa région natale Bajo Aragón, seront une source d’impulsion pour cette pièce. Le tambour doit être entendu selon Marcos Morau comme un acte de pratique collective, une forme de système de communication où la diversité devient communauté, un instrument qui comme l’évoque Buñuel fait «trembler le sol sous nos pieds» et peut devenir le phénomène porteur d’une révolution.