DANSE | SPECTACLE

Eldorado, Annonciation, Centaures

26 Fév - 08 Mar 2008

Comment répondre avec le corps à l’entrelacs finement tressé des tempi, qui se chevauchent, se chassent ou s’entremêlent ? Comment restituer dans le geste toutes les subtiles tonalités d’un paysage sonore, si lumineux ? Avec Eldorado, Angelin Preljocaj se confronte à la partition du compositeur allemand Karlheinz Stockhausen, disparu en décembre 2007. Pour parfaire la soirée, deux reprises du chorégraphe précèdent la création.

Communiqué de presse
Angelin Preljocaj
Eldorado, Annonciation, Centaures

20h30

Annonciation (1995), pour 2 danseuses
— Chorégraphie et scénographie : Angelin Preljocaj
— Musique : Stéphane Roy, Crystal Music, Antonio Vivaldi, Magnificat
— Interprétation : Ensemble international de Lausanne dirigé par Michel Corboz
— Lumières : Jacques Chatelet
— Costumes : Nathalie Sanson

Centaures (1998), pour 2 danseurs
— Chorégraphie : Angelin Preljocaj
— Musique : György Ligeti
— Costumes : Caroline Anteski

Eldorado, création pour 12 danseurs
— Chorégraphie : Angelin Preljocaj
— Musique : Karlheinz Stockhausen, Sonntags-Abschied
— Scénographie et costumes : Nicole Tran Ba Vang
— Lumières : Cécile Giovansili et Angelin Preljocaj

Avec Eldorado, Angelin Preljocaj retrouve Karlheinz Stockhausen. Le compositeur allemand, alchimiste du son à avant-garde de la musique contemporaine, lui a confié SonntagsAbschied, envoûtante partition pour synthétiseurs qui effiloche la mélodie en digressions spirituelles. Les douze danseurs se glissent dans le fin tressage des lignes rythmiques. Remarquablement ciselée, la danse jaillit en constellations de duos, trios et quatuors, se propage en fulgurantes échappées ou se floute en enchevêtrements charnels. Précédé de l’Annonciation (1995), magnifique duo féminin qui bouscule l’iconographie, et de Centaures (1998), fougueux duel masculin, Eldorado donne à cette sensuelle calligraphie gestuelle l’aura d’un voyage mystique.

Le directeur du Ballet Preljocaj n’aime rien tant que se confronter à l’univers d’autres créateurs : récemment le plasticien Fabrice Hyber pour Quatre Saisons ou John Cage pour Empty Moves (Part I) 2. Avec Eldorado, il retrouve Karlheinz Stockhausen, six ans après Helikopter, déflagration gestuelle sur un quatuor affolé d’hélices et violons. Le compositeur allemand lui a confié SonntagsAbschied, complexe partition pour cinq synthétiseurs qui effiloche la mélodie en digressions spirituelles.
«Lorsque, en septembre 2005, Karlheinz Stockhausen m’a invité dans son antre – un atelier acoustique situé près de Cologne, pour écouter Sonntags-Abschied, j’ai immédiatement été saisi par la musique, envoûtante, hypnotique, presque tribale, qui, tel un vaudou sonore, captive et emporte l’esprit, raconte Angelin Preljocaj. Pourtant, j’ai hésité avant de me décider à créer un ballet sur cette partition, véritable défi pour l’écriture chorégraphique. Mais certaines rencontres ne se refusent pas, tant elles promettent de passionnants échanges d’idées, qui vont me bousculer, me changer. J’adore ça! ».

Transposition pour ordinateur d’une pièce pour cinq chœurs indépendants qui clôt un cycle de sept opéras titré Licht (Lumière), cet «Adieu du dimanche» se dérobe sans cesse à l’uniforme métronome et s’évade en ondulations méditatives, nouées dans le lacis d’une structure redoutablement précise. créer de la complexité dans la danse À la complexité de la partition, Angelin Preljocaj a répondu par le ciselé de l’écriture. « Habituellement, les danseurs peuvent suivre des rythmes différents mais réglés sur une pulsation commune, le temps de base étant démultiplié ou au contraire subdivisé au gré des ralentis et des accélérations, selon le principe musical de la noire, de la croche ou de la blanche. Sonntags-Abschied superpose plusieurs lignes rythmiques qui obéissent à des pulsations différentes. Chaque interprète doit alors suivre son propre tempo tout en étant relié au groupe et synchrone sur la durée de la séquence. Une telle précision exige une conscience interne du temps extrême aiguë. Travailler sur cette musique m’a poussé à complexifier l’écriture. J’ai cherché des qualités de mouvement plus “organiques” et des enchaînements inédits chez moi, notamment sur la sinusoïde, le fondu et la mollesse, associés à la netteté du tracé. En fait, je travaille sur le vide entre les danseurs. J’essaie de faire exister et de sculpter cet espace, constamment mouvant, pour composer une chorégraphie en creux.»

D’abord adossés contre les pâles stèles qui ceignent le plateau nu, les douze danseurs n’apparaissent qu’en silhouettes serties de lignes lumineuses. Puis les individualités se détachent et se glissent dans la spirale des notes, virevoltent dans l’écheveau des rythmes, l’intensité vibratoire des tonalités….. Solos, duos, trios, quartets et ensembles jaillissent en ondes évanescentes et se recomposent en constellations de gestes, s’enfuient en fulgurantes échappées ou se floutent en enchevêtrements charnels. Signés de la plasticienne Nicole Tran Ba Vang, la scénographie et les costumes, ajustés comme une peau brodée de fleurs blanches, donnent à cette sensuelle calligraphie gestuelle l’aura d’un voyage mystique. Précédé de l’Annonciation (1995), magnifique duo féminin qui bouscule l’iconographie sulpicienne de cette scène sacrée, et de Centaures (1998), fougueux duel masculin au corps à corps, Eldorado dénoue les liens de la narration et transcende les corps pour faire tinter le chant céleste de la danse.

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