Christophe Domino, Yves Trémorin
El Matematico contra El Domino
Traduire les mythes historiques et contemporains de la culture mexicaine, les faire affleurer visuellement, c’est ce que proposent les photographies d’Yves Trémorin, sensuelles, chatoyantes, mais aussi crues et violentes.
En 2009, lors d’une résidence au Mexique, Yves Trémorin, figure historique de la scène artistique française, entreprend une collection d’images, une forme d’inventaire quasi surréaliste qui interroge les persistances culturelles, ancestrales, dans le Mexique contemporain. Par la représentation photographique et à travers la spécificité des corps, de l’animal ou de l’objet prélevés du quotidien, la dérivée d’Yves Trémorin convoque des figures symboliques qui traversent les différentes strates de la culture mexicaine.
Yves Trémorin fréquente le marché aux sorcières de Mexico, les boutiques et les salles d’entraînement pour composer La Dérivée mexicaine, partant en quête de figures et d’objets symboliques. Armé de son lexique de symboles et de lectures, il compose à son tour un dialecte avec le fruit de ses collectes. La plupart du temps, le photographe convie ses modèles, hommes et femmes, animaux et plantes, bibelots et masques, dans son studio de prise de vue.
Parfois, il se déplace et déploie un fond, aidé de ses assistants. Un éclairage pondéré constitue une sorte de base lumineuse qui lui permet de disposer le modèle. Une fois la pose choisie, le flash fige et révèle le modèle, sur un fond souvent obscur ou d’une couleur accordée au sujet. Mais l’effet est toujours identique: les visages, les silhouettes, les textures et les expressions semblent surgir du néant dans un calme étrange. À cet effet, qui constitue un protocole stable, s’ajoutent les signes, les références et les allusions qui gouvernent tout langage, toute culture.
Mais comment expliquer cette majoration visuelle d’une opération à priori très neutre, une opération de reproduction? «[…] Parce que s’y joue le fait social décrit par Walter Benjamin, dans l’œuvre d’art à l’ère de la reproductibilité technique, mais surtout, à l’inverse du messianisme pessimiste du philosophe, parce que la reproduction est un mode de réenchantement».
Vernissage
Samedi 24 Mars 2012, Ã 15h