ART | EXPO

El astro de la suela

28 Avr - 07 Juil 2012
Vernissage le 28 Avr 2012

Initiées en 2007, les œuvres de Julien Tiberi montrent des vues nocturnes de la frontière américano-mexicaine près de Tijuana. Outre leur sujet très contemporain, la technique picturale de l’artiste permet une suggestion du sujet grâce à des noirs mats où l'on se perd.

Julien Tiberi
El astro de la suela

«Le dessin de Julien Tiberi explose le temps. L’artiste marseillais malaxe peinture ou graphite, entre passé et futur, pour recomposer des scènes illuminées. Entrer dans le monde dessiné de Julien Tiberi passe par différentes portes, qui sont autant de chausse-trappes, de mises en abîme. Ses jeux de références, du cinéma d’animation expérimental aux caricatures du XVIIIe siècle, cet artiste marseillais les retraite, les superpose pour en extraire des visions très contemporaines» nous précise A.M. Fèvre.

La série El astro de la suela (L’astre de la semelle, 2011) prend racine à la frontière mexicaine, à Tijuana. Ce sont des paysages sombres, mais irradiés de flash de lumière. Dans ces no man’s lands chaotiques, on imagine les fantômes de migrants mexicains. Julien Tibéri, né en 1979, adopte la technique du grattage d’une couche de peinture noire sur plaque d’isorel «comme s’il grattait l’émulsion d’un ruban cinématographique».

Il s’inspire aussi des Tijuana Bibles, bandes dessinées érotiques de huit pages qui étaient produites au Mexique avant de circuler aux Etats-Unis pendant la grande dépression, prolongeant le jeu ironique d’échanges subversifs entre les deux pays. Au fil des vignettes dessinées, se déploient les regards multiples portés sur l’empreinte profonde de cette ligne de démarcation, sillonnée par la police des frontières, elle-même appuyée par des citoyens consciencieux qui la surveillent au moyen d’un réseau de webcams…

Empruntant des techniques de fabrication d’époque, quitte à en reproduire les fausses traces, taches ou accidents, Julien Tiberi décrypte, à rebours, une réalité, elle, bien contemporaine. Objet de post-production, l’œuvre de l’artiste établit les nouvelles règles d’une science-fiction documentaire.

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