L’exposition « Êkhố[s] » à la galerie RDV, à Nantes, réunit les tableaux et céramiques de Christophe Cesbron et deux installations de Gwenaël Bodet, dans une réappropriation du mythe d’Echo.
« Êkhố[s] » : le mythe d’écho relie les œuvres de Gwenaël Bodet et de Christophe Cesbron
L’événement s’inscrit dans le cycle d’expositions organisé par la galerie RDV qui voit à chaque fois un artiste contemporain déjà reconnu inviter un artiste émergent à présenter sa production aux côtés de la sienne. La deuxième carte blanche a été donnée à Gwenaël Bodet qui a convié Christophe Cesbron à proposer un dialogue entre leurs univers respectifs.
Les œuvres de Gwenaël Bodet et de Christophe Cesbron se rejoignent autour d’une évocation commune du mythe d’Echo par leur intérêt pour les dispositifs de résonance, d’échange et de distorsion. Dans la mythologie grecque, la nymphe Echo (Êkhố) est la personnification de l’écho acoustique. Nymphe des sources et des forêts, elle était très bavarde et utilisa les innombrables histoires qu’elle inventait pour distraire Héra et favoriser les infidélités du mari de cette dernière, Zeus. Elle fut pour cela condamnée à répéter les dernières paroles de celui qu’elle écoute.
Le lien avec la figure d’Echo se fait avec les œuvres de chacun des deux artistes mais aussi avec la scénographie de l’exposition elle-même qui est organisée par rebonds, réponses, mémorisations, répétitions, boucles et jeux entre les créations de Christophe Cesbron et Gwenaël Bodet.
Tableaux et installations explorent la résonance, l’échange et la distorsion
Dans les tableaux de Christophe Cesbron, des corps nus sont inclus dans un espace pictural fait d’éclaboussures, de spirales, de sphères indéfinissables. Ils portent tous des objets tout autant chargés de mystère que leur situation. Telles des mises en image de l’inconscient, du fantasme ou du rêve, ces tableaux résultent de pulsions intimes et résonnent comme l’écho d’une voix fragmentée qui traverse leur auteur.
Les installations de Gwenaël Bodet reproduisent la première des vibrations qu’expérimente l’homme : celle de la peau, membrane extérieure qui garantit notre développement intérieur. L’œuvre intitulée Anima, composée de tweeters (haut-parleurs reproduisant les sons aigus), de câbles, d’un amplificateur et d’une bande sonore est structurée matériellement par le tissage et acoustiquement par la répétition. Elle forme un tissu sonore et physique en suspension, telle une peau de haut-parleurs ou une grotte. L’installation est ainsi à la fois source de son et lieu d’un retour aux sources, lieu extérieur et lieu intérieur dont peuvent sourdre la création, la pensée et la vie.