Que ce soit par le temps, le touriste ou l’artiste, les œuvres de François Morellet et de Camille Henrot, prennent leur racine dans le processus de déconstruction et de reconstruction. Dans ces tableaux de néons, François Morellet a créé un répertoire simple et complet de formes géométriques, un corpus de codes fait de parallèles, de perpendiculaires, de triangles.
Dans l’apparente déconstruction des lignes de néons sur fond blanc, la forme semble reprendre sens, dans le cadre serré de la toile. Ici peinture et lumière se rejoignent, liant ainsi deux médias de l’art cinétique et de l’art minimal. Peinture et néons dialoguent avec l’architecture des lieux.
A quelques milliers de kilomètres de là , Camille Henrot nous transporte en Egypte, à travers le film Cynopolis. Les vestiges de la pyramide égyptienne reprennent vie… Mais plus de pharaons aujourd’hui, des touristes qui polluent le site de leurs déchets, des chiens errants, comme des gardiens de la mémoire vive de la pyramide, des ouvriers qui semblent tenter d’extraire une part d’histoire enfouie.
Des sacs plastiques ramassés sur le site, Camille Henrot en fait des moulages en hauts-reliefs exposés à la galerie. Dans les cavités discontinues de ces empreintes, l’artiste scelle un temps du passé qui tend à s’effacer. Recyclage de matière ou d’histoire, ces différentes œuvres rappellent l’inexorable effacement produit par le temps, l’érosion de la mémoire mais aussi la possibilité de s’approprier ces bribes pour les élever au rang de témoin.
Dans le Tube de la galerie, Camille Henrot poursuit son «Egyptomania», collectionneuse, archéologue, elle puise dans les traces du passé pour re-interprèter, re-composer le temps. Ainsi, une lance à incendie métamorphosée en Tevau, trône dans le fond de la salle rappelant la fonction rituelle de l’objet, symbole de l’infini.
Malgré la dissolution des objets, leur effacement par le temps, Camille Henrot offre une seconde vie, contemporaine à ces pièces symboliques qui disent l’histoire tout en restant parcellaire, fragmentaire. Camille Henrot fait le grand écart entre ces objets et ces lieux lourds de symboles et de sens, éminemment mystiques et leur appropriation par une société moderne qui, tout en s’efforçant de se souvenir, fait imparablement dévier le sens et les fonctions de ces morceaux d’histoire.
Camille Henrot
— Tevau, 2009. Lance incendie, bois, corde, métal. 120 x 150 cm.
— Hauts Reliefs, 2009. Moulages de sacs plastiques, grès et plâtre. 53, 5 x 42 x 5 cm.
— Cynopolis, 2009. Film super 8 et Dvcam, projecteur. 10 mn.
François Morellet
— Deep Dark, Light Blue n°6, 2009. Acrylique sur toile sur bois, néon argon bleu. 300 x 300 cm.
— Neons by Accident, 2009. 16 tubes de néons rouges. Dimensions variables.