Edouard Prulhière

Distinguons dans le travail d’Edouard Prulhière qui nous est actuellement présenté à la galerie de Filles-du-Calvaire, deux sortes d’œuvres: celles qui sont suspendues au mur et celles qui tiennent debout sur le sol, des suspensions et des élévations de peinture.

Au mur, des toiles maculées de couleur, repliées sur elles-mêmes, froissées, lacérées, bosselées, boursouflées, rivetées au châssis. Au sol, des assemblages de matériaux divers (bois, carton, plastique) recouverts de peinture et auxquels sont fixés des lambeaux de toile peinte lacérée, repliée, emballée. Il n’est donc question que de peinture dans ce travail bien qu’aucune des deux catégories ne se cantonne strictement aux deux dimensions.

Les proportions varient d’une œuvre à l’autre. Ici, une constellation de petits formats sans titre, là une composition totémique de près de trois mètres de hauteur. Ce qui ne varie pas, en revanche, c’est le mode opératoire commun à chacun des objets exposés. Quel que soit le résultat, qui s’affirme invariablement comme la conséquence directe de manipulations aussi spontanées qu’intuitives, il s’agit de produire du pli, du repli, de la couche, de la strate, de la bosse, du creux, de la coulure, de la giclure, de la dégoulinure, le tout dans une gamme large et généreuse où toutes les teintes sont représentées pourvues qu’elle soient vives et criardes.

Osons le terme, l’ensemble est assez sanguinolent. Sans doute devrions-nous dire tachiste, matiériste, peut-être picturialiste. Nous pourrions parler de peinture en trois dimensions, citer quelques références obligées, Jessica Stockolder ou Robert Rauschenberg. Ce ne sont cependant ni les mots ni les noms qui conviennent et encore moins qui s’imposent.

Dans cette effusion chromatique, dans ces procédures acharnées contre la toile, se décèle une obsession plus organique que plastique. Ces toiles s’affirment comme des « morceaux » de peinture façon pièces de boucher (que l’on se rassure nous n’irons pas jusqu’à citer le XVIIe siècle). Les déformations de la toile alourdies comme les lambeaux de couleur écorchée nous rappellent une peinture préoccupée essentiellement par la chair. Sans doute le drapé plus maculé que mouillé participe-t-il également de cet « appel », de cette sorte d’obsession.

C’est peut-être de cette façon que s’explique une telle profusion. En effet l’œuvre n’est pas économe. On pourrait dire qu’elle n’est pas « regardante ». Elle est débordante, pléthorique. Près d’une trentaine d’œuvres de 2004 (globalement) sur les deux niveaux. Un ensemble digne des meilleurs étales au risque de l’écœurement. Au risque aussi de la répétition voire de la redondance. Ce sera au visiteur d’en juger et s’il est amateur d’en apprécier la juste mesure.

Edouard Prulhière :
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 33 x 23 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 60 x 50 cm.
— Spring Nerd, 2004. Technique mixte. 109 x 86 x 80 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 110 x 100 cm.
— Sans titre, 2003. Technique mixte. 33 x 28 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 128 x 105 cm.
— Braziloïd, 2004. Technique mixte. 286 x 141 x 95 cm.
— Augustozaurus, 2004. Technique mixte. 250 x 88 x 60 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 110 x 85 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 100 x 87 cm.
— Havaiana, 2004. Technique mixte. 231 x 100 x 60 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 44 x 33 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 33 x 24 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 49 x 39 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 60 x 56 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 47 x 38 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 41 x 37 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 36 x 25 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 46 x 36 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 31 x 20 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 37 x 19 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 25 x 24 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 75 x 40 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 188 x 130 x 58 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 57 x 37 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 63 x 51 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 107 x 98 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 58 x 49 cm.
— Sans titre, 2004. Technique mixte. 49 x 37 cm.