ART | EXPO

Edith Dekyndt

31 Oct - 24 Jan 2016
Vernissage le 30 Oct 2015

Edith Dekyndt compose avec un ensemble d’éléments spécifique au territoire de Dijon et de la Bourgogne. En travaillant avec la caséine, le vin ou le sang de porc tout en développant une esthétique quelque peu minimaliste, elle canalise les processus naturels et une forme de temporalité, ne serait-ce qu’en oeuvrant à partir des différentes étapes de la moisissure, du dessèchement ou de la cristallisation. En cela, la proximité du travail d’Edith Dekyndt avec les phénomènes physiques, son caractère volatil et changeant, rendent visibles les flux du monde.

Edith Dekyndt
Edith Dekyndt

L’oeuvre d’Edith Dekyndt se caractérise par des formes minimales qui jouent avec les conditions et les limites de la perception, elle touche à des questions qui sont devenues essentielles, notamment celle des relations qui se tissent entre l’homme et son environnement. Edith Dekyndt avance à partir d’expérimentations qui visent à rendre visible les énergies qui animent le monde. Pour cela, elle mélange les sciences et la magie, la technique et l’intuition, son abstraction prend racine dans l’expérience physique de la matière. Derrière l’élégance de son minimalisme grouille la multiplicité du vivant, comme dans ce tas de fumier dont elle filme les vapeurs qui s’échappent au petit matin. Selon les mots de Vinciane Despret, son oeuvre témoigne de la diversité des façons dont les choses et les êtres font compter leur environnement. Dekyndt nous propose de percevoir comment les choses et nous devenons réciproquement sujets et objets d’expérience. Et comment, dans ces expériences, par un jeu constant de relais et de médiations, nous échangeons nos propriétés.

Au Consortium, Dekyndt a choisi de composer son exposition avec un ensemble d’expériences qui empruntent à la spécificité du territoire de Dijon et de la Bourgogne, au vin, à la terre, au rouge et or du triptyque du Jugement Dernier des hospices de Beaune. Une série de tableaux recouverts de caséine, de vin ou de sang de porc exposent les craquelures produites par différentes étapes de moisissure et de dessèchement. Deux couvertures de laine rouge sont recouvertes pour moitié de feuilles d’or. Dekyndt a aussi travaillé à partir de la cristallisation sensible du vin, une méthode qui permet de lire la nature de la terre dont le vin est issu. À cette partie très picturale viennent s’ajouter des oeuvres qui engagent plus physiquement la perception du spectateur : dans la grande salle, un dispositif fait suinter un mur, ailleurs, une grande boule noire remplie d’air et d’hélium, flotte dans l’espace et se déplace au gré des changements de pression et de température.

Proposée au moment de la Cop 21 et accompagnée d’une programmation théâtrale et d’un colloque (Gaïa Global Circus, avec Bruno Latour), l’exposition d’Edith Dekyndt a aussi été  pensée pour la capacité qu’a son travail à entrer en résonnance avec des modes de pensée contemporains susceptibles d’ouvrir de nouveaux paradigmes notamment esthétiques. Elle permet aussi, à partir des questions qu’elle pose et de sa manière de s’ancrer dans le contexte territorial, de tisser un lien entre la programmation artistique du Consortium et des engagements que Le Consortium développe depuis plus de dix ans avec le programme Nouveaux Commanditaires et les Presses du réel (les publications: Faire art comme on fait société, Gestes Spéculatifs, L’art sans le capitalisme, Métaphysiques cosmoformes,…).

 

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