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Ecriture

06 Nov - 20 Déc 2014
Vernissage le 06 Nov 2014

L'exposition, qui occupe les deux étages du 76 rue de Turenne, présente 40 œuvres de la série «Ecriture» du peintre coréen Park Seo-Bo. Cette série, que l’artiste qualifie de «voyage de la main», commence au milieu des années 1960. Travaillant sur les matières et les atmosphères, ses peintures dégagent une grande énergie physique.

Park Seo-Bo
Ecriture

Park Seo-Bo est une figure majeure de la peinture monochrome coréenne, Dansaekhwa — l’un des mouvements les plus influents de l’art contemporain en Asie. L’exposition dont le commissariat a été confié à Kim Yongdae, ancien directeur du Musée d’art de Daegu, présente 40 Å“uvres de la série «Ecriture», quintessence des 60 années de la carrière de Park Seo-Bo.

La première exposition personnelle de Park Seo-Bo à Paris a une signification particulière pour l’artiste. En 1961, il vient une première fois à Paris pour participer à «Jeunes Peintres du Monde», le concours organisé par l’Unesco, et apprend à son arrivée que la date de l’événement a été reporté. Mais il décide de rester à Paris pour voir notamment les Å“uvres des artistes informels, qui occupent la scène artistique parisienne de l’époque. Cette expérience d’un an et sa participation à la Biennale de Paris en 1963 ont eu une influence considérable sur son travail, jetant les bases d’une syntaxe unique, qui aboutit à la série «Ecriture».

Park Seo-Bo débute avec l’art informel à la fin des années 1950, avant de s’orienter vers des Å“uvres qui s’attachent au geste expressionniste, comme avec les séries «Primordialis» et «Hereditarius» du début des années 1960.

La série «Ecriture», qu’il qualifie de «voyage de la main», commence au milieu des années 1960 et marque un nouveau chapitre dans son univers artistique. Dans les premières Å“uvres d’«Ecriture», l’artiste couvre ses toiles de peinture à l’huile gris clair ou crème et trace des lignes continues au crayon sur les surfaces encore humides. Par cet acte répétitif et physique, rythmé par son corps, il y inscrit son univers spirituel.

Au début des années 1980, Park Seo-Bo a recours au hanji, un papier coréen traditionnel, afin de souligner davantage encore l’importance du matériau. Il superpose des couches de hanji humide sur la toile, sature les épaisseurs d’aquarelle, puis marque la surface du papier avec ses doigts ou des outils, poussant la matière et créant des traces et des reliefs. Ce procédé génère une énergie, qui se propage à toute la toile.

Les Å“uvres ultérieures introduisent des éléments structurels à la forme plus verticale et une atmosphère plus stricte, plus méditative et plus sobre s’impose. Dans son essai, Barbara Bloemink souligne la «tridimensionnalité» de ces travaux, vus de près et de côté, avec le papier poussé vers le haut le long de lignes incisées (Empty the Mind, The Art of Park Seo-Bo, Soon Chun Cho et Barbara Bloemink, Assouline, février 2009). Une transition se produit alors, des couleurs achromatiques neutres et ascétiques initiales vers diverses couleurs communiant avec la nature, d’où elles sont issues.

L’utilisation de couleurs inspirées de la nature comme la «couleur de l’eau», dégageant une saveur simple et subtile rompant avec les couleurs artificielles, confère un sentiment de vitalité aux Å“uvres. Comme l’explique Barbara Bloemink, on a souvent considéré Park Seo-Bo comme un minimaliste. Mais son intention diffère nettement du minimalisme occidental dans son inscription et son interprétation manifestes de la philosophie et de la sensibilité orientales.

Les Å“uvres de Park Seo-Bo résultent d’une intense et profonde réflexion et d’une grande énergie physique, incitant le public à dépasser la simple appréciation visuelle pour comprendre et éprouver pleinement les Å“uvres avec leur esprit. Ce procédé intense et sans fin consistant à se vider de soi reflète la conviction de Park Seo-Bo que «le moins incarne le plus» et marque sa conception de «l’art» comme procédant d’une discipline de l’esprit.

Dans un touchant hommage à l’artiste, le critique d’art français Pierre Restany suggérait en 1994 qu’Yves Klein et Park Seo-Bo «différaient de par leur destin et non de par leur nature». Selon Pierre Restany, l’énergie explosive d’Yves Klein se consume et tend vers un vide cosmique. En revanche, il ne voit pas Park Seo-Bo comme pris par un telos, mais comme se tenant et luttant dans ce que Pierre Restany appelle «l’identité biologique de la totalité». L’identité distinctive du travail de Park Seo-Bo est qu’il n’impose pas sa marque en inscrivant une rupture avec le passé ou en promettant un aboutissement futur, mais en occupant simplement le moment radical de la présence (The Radiant Paradox of Park Seo-Bo, by Nikos Papastergiadis, 2007).

Park Seo-Bo est né en 1931 à Yecheon, Corée

Vernissage
Jeudi 6 novembre 2014 à 16h

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