Mathieu Cherkit
Ecosysthème
Les tableaux de Mathieu Cherkit, composés essentiellement de motifs ornementaux, expriment nombre de préoccupations formelles de la nouvelle figuration. Sa peinture pourrait être une représentation fidèle de la réalité: celle de ce pavillon en meulière, ceinturé par un jardin sur les hauteurs de Saint-Cloud où il habite avec sa famille.
Car c’est dans cet univers très particulier, chargé d’un vécu de près de 60 ans, que l’artiste va puiser les sujets de ses peintures. Alors qu’il était encore étudiant à l’école des beaux-arts de Nantes, Mathieu Cherkit se rend dans les ateliers de la prestigieuse Hochschule für Grafik und Buchkunst Leipzig (Académie des arts visuels de Leipzig) pour parfaire son apprentissage auprès d’artistes tels que Neo Rauch, Matthias Weischer, David Schnell ou encore Christoph Ruckhaberle. Dans ce haut lieu de la peinture réaliste socialiste, il va trouver un nouveau souffle. Ses compositions s’affirment. Sa vision, à mi-chemin entre réalisme et illusion, s’élargit. Grâce à un mélange de formes abstraites (bandes, rayures, damiers) qui structurent l’espace et divers éléments figuratifs qui donnent l’impression d’être abandonnés, il s’empare de son quotidien pour lui donner une vie nouvelle, avec des couleurs flamboyantes.
S’agit-il d’hommages ou d’influences, d’observations directes ou de fantaisies personnelles? Mathieu Cherkit s’amuse parfois à convoquer Matisse pour la dynamique des couleurs, Valloton pour son goût de l’art naïf et la simplification des formes, Vuillard et Bonnard pour le caractère ornemental ou encore Magritte, Balthus et De Chirico pour l’aspect insolite. Si sa pratique picturale colle à la réalité, c’est aussi pour mieux la mettre à distance. Il joue avec la bidimensionnalité et la tridimensionnalité pour troubler notre regard. Les perspectives sont maladroites, voire incohérentes.
Parfois, il renforce l’étrangeté de ses compositions avec la présence d’un personnage stylisé, aux articulations anguleuses et à l’expression figée. Dans les vues qu’il donne de son jardin, on retrouve cette atmosphère de trouble.
critique
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