Stefano Arienti, The Atlas Group/Walid Raad, Yto Barrada, Jordi Colomer, Eva Marisaldi, Ceal Floyer, Zineb Sedira, Ahlam Shibli, Fiona Tan, Akram Zaatari
Éclats de frontières
Le FRAC développe depuis deux ans une politique prospective d’acquisition orientée sur le bassin méditerranéen qui a fortement modifié et enrichi l’identité de sa collection.
Trente artistes ont ainsi rejoint la collection depuis 2006 dans un souci de tenir compte à la fois du contexte local et international. Une alchimie de tous les instants qui a structuré le travail entrepris par le Comité Technique ces trois dernières années.
Les dix artistes présentés à l’occasion de cette exposition nous invitent à pénétrer dans un univers en totale mutation, de la rive nord à la rive sud du bassin méditerranéen, autant d’attitudes artistiques qui nous donnent à voir un monde parfois trop souvent désenchanté où les questions identitaires, de territoires, de frontières géographiques et politiques, de migration, de nomadisme sont à l’origine de nombreux conflits.
«Éclats de frontières» se veut une invitation à «observer à la loupe, ce qui se déroule sur ces “lignes de partage”, c’est voir comment l’Europe s’invente. Faire frontière, c’est désigner l’autre, celui dont on entend penser la différence. Qu’inventons-nous, une Europe forteresse, ou une Europe de désirs partagés?»
Par leurs pratiques artistiques métissés, ces artistes réinventent des territoires d’expérimentation qui les amènent à convoquer fiction et réalité, à se nourrir de films et images d’archives de provenances diverses, interviews, photojournalisme, reportages de guerre, filmfootage, etc. Des oeuvres singulières, des regards acérés, sans concession avec la réalité.
Hybridité des statuts de ces images qui toutes nous renvoient à des oeuvres qui empruntent au réel. Elles témoignent de la propension que les artistes ont à se glisser dans les interstices des flux de la communication contemporaine quels qu’en soient les supports pour inventer un autre monde.
Transversalité des démarches artistiques convoquant tour à tour la photographie, le cinéma, la vidéo, l’installation. Les artistes disposent aujourd’hui d’un vocabulaire formel protéiforme qui rend impossible toute volonté de classification et de cloisonnement.
Au travers de ces démarches artistiques qui soulignent la tension, si continûment palpable de ces territoires, entre la dimension allégorique et la réalité brute des sujets convoqués, cette exposition conjugue et articule fiction et réalité, reportages et visions métaphoriques aux antipodes de tout exotisme, comme de toute démonstration spectaculaire.