Michel Verjux affirme par ses éclairages savamment disposés dans l’espace une réflexion sur l’événement, l’objet, le dispositif et le signe d’exposition.
L’espace de la galerie a conservé la mémoire de l’exposition précédente. C’était une exposition de dessins partout installés sur les murs. Les dessins et leurs encadrements ont disparu. Il ne reste que les entourages tracés d’une ligne noire, reportés sur le mur. Il ne reste que le souvenir d’une exposition décrochée que cet ensemble de cadres vides dessinés maintient sensiblement présente dans le lieu.
À ces traces enregistrées d’un passé récent se surimpose la marque de Michel Verjux, l’éclairage. D’imposants projecteurs disposés sur le sol de la galerie et dirigés sur les murs viennent découper de larges pans parallélépipédiques de lumière blanche de différents formats. Ces cadres lumineux sélectionnent chacun une partie de ce relevé graphique précédemment décrit.
Le visiteur circule dans cet espace de projections multiples et voit se découper sur les murs l’ombre portée de sa propre silhouette. Piégé par le dispositif, il devient indirectement l’objet involontaire d’une attention sous-jacente. Le mythe fondateur du dessin prend ici une dimension performante. Son évocation n’est que la conséquence d’une expérience sensible. Les composantes du mythe sont subtilement réunies et rappelées : le souvenir, la ligne, la silhouette, l’ombre portée, la paroi. La figure instable et changeante de Dibutade s’aperçoit ici et là , maintenant.
Fondé sur un principe graphique de clair-obscur, cet environnement/événement s’impose de prime abord en noir et blanc. Il n’exclut cependant pas entièrement la couleur.
Le mur central de la galerie avait été peint en mauve pour les besoins spécifiques de l’exposition précédente ; cette couleur a été conservée et instaure une première variation avec les deux espaces latéraux peints en blanc. Par ailleurs, les cadres lumineux se trouvent également bordés de couleurs. Cela est dû sans aucun doute à un effet de décomposition de la lumière dans cette zone de passage entre l’éclairé et la pénombre et cela se remarque d’autant plus que le dispositif est particulièrement minimaliste. Ainsi la couleur se trouve réservée à la périphérie comme une promesse de tableau.
En définitive, nous verrons à la galerie Jean Brolly une exposition de dessins et de peintures maintenus à l’état de souvenir et de promesse ; en état de Do it yourself pourrait-on dire pour citer un autre génie de l’intermède. Faut-il y voir l’ingénieuse programmation d’un moment justement intermédiaire entre l’exposition de décembre entièrement consacrée au dessin et celle de février plutôt « peinture » ? Un moment subtilement régénérant en ce début d’année.
— Une découpe de porte // deux découpes similaires de lumière projetée, côte à côte (sources au sol) sur le tracé, au mur, d’un accrochage type, 2004. Éclairage : 2 projecteurs à découpe.
— Découpes d’une petite et d’une grande porte // deux découpes similaires de lumière projetée, dans leur axe (sources au sol) sur le tracé, au mur, d’un accrochage type, 2004. Éclairage : 2 projecteurs à découpe
— Découpe de porte // découpe similaire de lumière projetée (source au sol) sur le tracé, au mur, d’un accrochage type, 2004. Éclairage : projecteur à découpe.
— Découpe en douche de 30 x 30 cm sur table/vitrine (source au plafond), 2004. Éclairage : projecteur à découpe.
— Découpe en douche de 36 x 30 cm sur table/vitrine (source au plafond), 2004. Éclairage : projecteur à découpe.