Fanette Muxart, Renaud Jerez, Elise Cam, David Lefebvre, Fabrice Croux
Echos
«ECHOS» est une exposition comme il faut qu’elle soit, nécessairement, dans le cadre d’une foire d’art contemporain comme Arténim : élégante, agréable, professionnelle. Mais elle cherche aussi à être bien plus et veut nous attirer comme on le fait des mouches, avec du miel. Parce qu’en effet, nous passons notre temps à être attirés – par les shampoings, les grille-pain, les voitures, les montres, les vacances en Tunisie – et qu’il n’y a pas de raison pour que les artistes n’aient pas le droit de jouer ce jeu là : pourquoi ne s’y essayeraient-ils pas eux aussi, pour voir ?
Alors, si notre désir est quotidiennement stimulé, si dès que nous regardons autour de nous nous enclenchant des machines désirantes, et si, d’autre part, cette machine tourne à plein régime, alors «ECHOS» écarte l’idée de la faire caler. Elle chercherait même plutôt à en alimenter le moteur avec les objets qu’elle expose : des oeuvres avec des paillettes (les photographies de Fanette Muxart), des peintures aux couleurs de rouge à lèvres (avec Renaud Jerez), des traits tirés comme des flèches indiquant la direction (dans les dessins d’Elise Cam), des huiles qui brillent même sans vernis (David Lefebvre), des sculptures qui clignotent comme des enseignes (Fabrice Croux), etc. Autant d’oeuvres qui cherchent à faire tourner le moteur, le faire accélérer même, encore et encore, quitte à ce que les roues se désolidarisent de la route.
Le marché de l’art se porte à merveille. Il n’y a d’ailleurs aucune raison qu’il en aille autrement. Les oeuvres sont toujours mieux réalisées, toujours plus attirantes, et elles se vendent mieux que jamais. Il faut dire que les artistes font des efforts. Tous ceux qui arrivent aujourd’hui sur le marché savent qu’ils sont en concurrence avec les autres producteurs de formes, et ils savent aussi que cette concurrence est planétaire.
Et puis ils n’ignorent pas que les oeuvres d’art ne sont pas les seules à proposer des expériences esthétiques : non seulement il y a les autres objets dits d’art, mais il y a également ceux des designers, et puis le reste encore, le cinéma, les vidéos, les écrans d’ordinateurs, les sonneries de téléphone portable, les millions de pages du Web, les heures de publicité, etc. Le monde est plein de créatifs, tous plus habiles à fabriquer de nouvelles choses, de nouveaux objets et de nouvelles images. Et les artistes doivent faire des efforts. La courte exposition «ECHOS» à Arténim est une façon de rendre hommage à cette belle attitude, dans un premier temps en tout cas.