Hou Yong peint inlassablement des vagues, et sans doute ses propres vagues à l’âme. Il ne peint pas de paysage marin, aucune ligne d’horizon, juste des pans de mer en mouvement qu’il s’applique à représenter de manière hyperréaliste et qui, cadrés en gros plan et en légère plongée, confinent à l’abstraction.
On pourrait parler de peinture du paradoxe. Puisque que Hou Yong fige, ce qui, par essence est mouvant, fluctuant, insaisissable. Quasi photographiques, ses peintures sont autant d’«agitations immobiles», appelant à la contemplation, au calme et au silence.
Un deuxième paradoxe réside dans les formats des toiles — rondes ou rectangulaires — et dans les couleurs — bleu d’eau et noir. Le bleu, limpide et pur, a la préférence du petit format rond, rappelant la rondeur de la goutte d’eau ou celle du hublot d’où l’on observe la mer. Le noir, quant à lui, occupe une toile rectangulaire monumentale. Accroché face à son pendant bleu d’eau, le tableau Black 9 apparaît d’autant plus opaque et visqueux, une sorte de marée noire veloutée sur laquelle la lumière de la Lune vient poser ses rayons et créer des reflets violacés fascinants. Les principes du ying et du yang, le dualisme et la complémentarité des contraires, en vigueur dans la philosophie chinoise viennent inévitablement à l’esprit.


Plus encore que les toiles elles-mêmes, le travail de Hou Yong brille par l’abnégation, l’obsession, la vanité. On pense à Monet et ses Nymphéas ou la Cathédrale de Rouen. Les nuances entre les toiles d’une même série se nichent donc dans les détails. Le visiteur s’arrête sur les reflets, les méandres, les tonalités de couleurs selon l’orientation de la lumière, les hauteurs des lignes et les bulles du ressac. Une infinité de détails à regarder pour des «énigmes infinies» *.
* Définition que Hou Yong donne de la vague.


Hou Yong
— Série Water, Black 9, 2008. Acrylique sur toile, 146 x 180 cm
— Série Water, Green 03, 2008. Acrylique sur toile, diamètre 60 cm
— Série Water, Green 02, 2008. Acrylique sur toile, diamètre 60 cm