Natasha Nisic concentre son travail sur des moments sombres de l’Histoire, tels qu’Hiroshima, Sarajevo ou encore Auschwitz, mais en évitant toujours l’obscène par une stratégie de l’après-coup.
En juin 2008 le nord du Japon a été touché par un tremblement de terre d’une amplitude de 6.7 sur l’échelle de Richter, le plus violent jamais recensé dans la région. En trente huit secondes une montage s’écroule, des routes se déchirent et se fissurent. Natasha Nisic s’est rendue sur les lieux pour repérer les «cicatrices» de cet événement.
Aux images du tremblement de terre Natasha Nisic substitue celles de son retentissement dans la chair des lieux et de ses habitants. Tout comme Sophie Ristelhueber et ses photographies de Beyrouth, d’Irak et de Cisjordanie, Natasha Nisic procède par décentrement à travers les traces d’événements traumatiques. Les œuvres de ces deux artistes font appel à un hors champ infigurable, non montrable parce qu’indicible.
Trois vidéos projetées aux murs de la galerie montrent des routes fissurées, des gouffres dans lesquels s’est effondrée une colline. En voix off ou à l’image, des témoins du séisme en parlent comme d’un événement sublime, effroyable et fascinant, par définition irreprésentable.
En fond sonore des chants d’oiseaux, des bruissements de feuilles et un grondement sourd évoquent un sublime de l’ordre du chaos, une confusion moléculaire toujours prête à défaire ses propres créations. On pense à la notion de «pli» deleuzienne, à la formation et déformation perpétuelles du monde, à ses agencements et configurations sans fin.
Les témoignages, les images et les sons conjuguent leurs effets pour donner à sentir l’impensable.
Liste des œuvres
Natacha Nisic
— Natacha Nisic, Feel free to touch these items, 2009. Boîte lumineuse horizontale. 6,4 x 79,7 x 54,5 cm,
— Natacha Nisic, E, 2009. Video sonore, installation, 3 HD projections, 20 min, photogramme.
— Natacha Nisic, The ruins shall be preserved forever, 2009. Tirage argentique, 99,3 x 103,8 cm.