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D’utopie

PPierre-Évariste Douaire
@12 Jan 2008

Artiste typographe, artiste funambule, équilibriste du sens et de la forme, adepte du décalage et doué du sens de la formule, Yvan Le Bozec nous invite dans cette exposition dictée par les aventures d’Alice, comme l’héroïne de Carroll, à le suivre de l’autre côté du Miroir.

Yvan Le Bozec propose un voyage au pays des mots et des signes. Jongleur de rimes autant que peintre, il propose un travail autant ludique que formel. Artiste du monogramme, il ne peut s’empêcher de peindre sur les murs des galeries le Y de son prénom. La forme est toujours stylisée, déformée, éparpillée, éclatée. Comme le Coup de dés de Mallarmé il projette sur les murs des constellations de mots, des super novas de monogrammes (Perplexes ou la galaxie Youkolé). Ses précédents travaux rejouent sans cesse un jeu sur le je.

Autant identitaire que revendicative cette façon d’opérer ne se prend jamais au sérieux, et s’exprime toujours à travers l’humour et le jeu de mots. Quelques titres de ses expositions sont éclairants : «C’est y pas malheureux» ou «Yvan Yva». Artiste typographe, artiste funambule, équilibriste du sens et de la forme, son travail est toujours arbitré par le décalage et le sens de la formule. C’est tout naturel que le thème de cette nouvelle exposition soit dictée par les aventures d’Alice. Comme l’héroïne de Carroll, Le Bozec nous invite à le suivre de l’autre côté du Miroir.

La salle du haut accueille un immense Y peint en rouge horizontalement. En face de ce mur se retrouve peint sept titres de tableaux que l’on retrouve à la salle du bas. Pour accéder au monde du Miroir, comme chez Alice, il faut d’abord prendre le risque de chuter. La descente ici prend la forme d’un escalier et se révèle moins dangereuse que l’épaisse brume du Miroir.

Arrivé à l’étage inférieur, sept sérigraphies attendent le visiteur. Leurs titres, annoncés sur le mur du haut, servent de légendes à l’illustration. Le Bozec a travaillé à partir d’images et de textes existants. Il s’est servi dans de vieux journaux et a retranscrit des vignettes. Mais, comme un mixeur, il a volontairement changé les légendes pour créer des scènes équivoques, contradictoires et ubuesques, comme ce couple aimant s’enlaçant sur un couché de soleil, avec pour titre L’Apocalypse est pour demain.

Les sept vignettes font face au chat du Cheschire. Cette toile, seul lien direct avec l’œuvre de Carroll, est aussi simple dans sa conception que dans son exécution. La tête du félin ressort d’un fond orange. Le Bozec illustre moins des textes littéraires qu’il ne s’en sert comme inspiration, comme matrice pour son travail. Fort d’un univers propre et personnel, tel un démiurge il se construit un monde à lui dont il est l’astre central et bienveillant.

Son Y rouge flirte ici avec un disque vert qui délimite un territoire de forêt de château fort. Le lieu d’exposition lui sert de passerelle vers de tels univers inventés ou réécrits.

Yvan Le Bozec :
— Transportation, 2002. Acrylique sur toile. 40 x 40 cm.
— L’Apocalypse est pour demain. 2002. Acrylique sur toile. 40 x 40 cm.
— Avec ou sans os, 2002. Acrylique sur toile. 40 x 40 cm.
— A force, il se décide à sourire, 2002. Acrylique sur toile. 40 x 40 cm.
— Quelle fougue à la fin, 2002. Acrylique sur toile. 40 x 40 cm.
— C’est mimi, 2002. Acryique sur toile. 40 x 40 cm.
— D’utopie, 2002. Acrylique sur toile. 40 x 65 cm.
— Le Chat d’Alice, Acrylique sur tissu.

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