Dominique Blais, Julie Béna
D’une seconde majeure ou mineure
En prologue, Julie Béna présente Elisabeth II. Dans chaque vitrine, un dispositif composé de stores motorisés influe subtilement sur la lumière intérieure par de légers mouvements rotatifs. Comme une entrée en matière, cette oeuvre opère alors un glissement entre le jour et la nuit, entre chien et loup. A l’intérieur, l’installation de Dominique Blais invite le visiteur à une déambulation dans un paysage sonore à travers un archipel de disques en grès. Initiée en 2008, Sans titre (Les Disques) se déploie pour la première fois à l’échelle de tout l’espace d’exposition. Les cercles de terre cuite se répandent pour la plupart sur le sol tandis que certains d’entre-eux sont suspendus à des moteurs et viennent effleurer les éléments statiques. Se crée alors un jeu de subtils frottements harmoniques, tel un «ballet hypnotique», un poème sonore en strophes aléatoires.
Sur le mur, quatre tirages sur papier nous donnent à voir des traces fantomatiques produites par l’exposition de cierges allumés devant une camera obscura. Au pied de chaque tirage, Dominique Blais dépose une sculpture. Il s’agit de la forme résiduelle des bougies utilisées pour faire naître l’image photographique. Intitulée Ring, cette pièce fait référence à la tétralogie d’opéras de Wagner L’Anneau du Nibelung. D’une durée de près de 15h, cette oeuvre se décompose en un prologue et trois journées. Pour chaque opéra, l’artiste a allumé une bougie devant un sténopé dans le but d’exposer le papier photosensible à la durée effective de la représentation. L’image révélée (en négatif) fonctionne comme le témoignage abstrait de l’écoulement du temps relatif à la présence de l’oeuvre musicale.
Avec La Disparition, Dominique Blais intervient sur le roman éponyme de Georges Pérec. À la suite de cette opération, la lecture du livre n’en est pour autant pas altérée. La manipulation n’engendre ni dysfonctionnement, ni modification de sens. On pourrait même envisager que le public, plongé dans sa lecture, ne perçoive pas (ou tardivement) la modification effectuée. Pour Le paysage est magnifique, Julie Béna suggère une fenêtre à l’aide d’un simple tube aluminium pourvu d’une chaîne. À la lisière entre l’intérieur et l’extérieur, elle nous renvoie à l’ensemble des pièces qui ici, par leurs présences mineures nous révèlent un paysage aux nuances majeures.
Vernissage
Jeudi 5 avril 2012 Ã 18h