Jeremy Deller, Ed Hall, Alan Kane, Scott King, Matthew Price, William Scott, Andrei Smirnov, Marc Touché et White Columns
D’une révolution à l’autre
De la Révolution industrielle à l’apparition du glam rock en Angleterre, en passant par la musique électronique en Union Soviétique, l’émergence du rock en France, les banderoles syndicales d’Ed Hall et les fictions personnelles de William Scott,
l’exposition « D’une révolution à l’autre » explore des domaines en marge de l’art contemporain et interroge de possibles relations entre révolutions industrielles et culturelles. Aux frontières de l’histoire, de l’anthropologie et de l’art contemporain, cette exposition mêle de manière singulière histoires collectives et personnelles.
Chaque année, le Palais de Tokyo invite un artiste à imaginer, en tant que commissaire, un projet hors norme. Lauréat du prestigieux Turner Prize, Jeremy Deller conçoit, avec l’aide de nombreux collaborateurs, une exposition inclassable où les protagonistes échappent parfois à la définition d’artiste et où les objets présentés ne s’appréhendent pas toujours en tant qu’oeuvres d’art.
L’exposition, organisée en différentes sections, est l’aboutissement de collaborations avec différents commissaires et artistes. Bien qu’autonomes les unes des autres, les sections sont réunies sous le titre « D’une révolution à l’autre », évocation de la période située entre la Révolution industrielle et la révolution du rock’n’roll.
Toutes les semaines, le jeudi : conférences, concerts, projections
« 1999-2005, Folk archive »
« 1986-2008, Ed Hal, Banderoles »
« 1962-2001, Les débuts du rock en France »
« 1917-1939, Son Z »
« 1760-2008, Tout ce qui avait solidité et permanence s’en va en fumée » / Wiliam Scot, « Good Person »
« 1999-2005, Folk archive »
Folk Archive est un fonds documentaire évoquant l’art populaire et vernaculaire britannique. Les nombreux témoignages qu’il rassemble, collectés entre 1999 et 2005, attestent de folklores contemporains. D’un éléphant mécanique à une banderole syndicale, d’une course de barriques en feu à un concours de grimaces, de la broderie de culottes de lutte à la réalisation de gâteaux pour le soutien d’une action associative, elles témoignent aussi d’un large spectre des formes et des activités.
Bien qu’essentiellement contemporaines, nombreuses d’entre elles se réfèrent à des traditions parfois ancestrales. Transmises de générations en générations, ces pratiques se sont adaptées à la modernité, assurant ainsi leur survie. Ces événements et coutumes populaires témoignent en outre d’une vie créative propre au Royaume-Uni, en réaction à un mode de vie britannique devenant de plus en plus individualiste.
À travers cette collecte, Jeremy Deller et Alan Kane établissent un lien entre une pratique artistique et une démarche d’anthropologue, donnant à voir la culture britannique à leur manière, entre témoignage et hommage.
La collection Folk Archive a été exposée à plusieurs reprises en Europe et notamment au Barbican Centre, Londres, et à la Kunsthalle de Bâle en 2005. À l’exception de quelques objets, ce fonds a rejoint les collections du British Council, Londres.
Alan Kane, né en 1961, vit à Londres. Artiste et commissaire d’exposition il a notamment réalisé en collaboration avec Jeremy Deller la Steam Powered Internet Machine en 2002.
« 1986-2008, Ed Hal, Banderoles »
Ed Hall réalise des banderoles pour des associations engagées dans des causes sociales et politiques : syndicats ouvriers, groupes politiques, familles de victimes de bavures policières et associations locales.
Pour commémorer ou protester, placées en tête de cortège ou au centre d’une manifestation, ces banderoles portent un message et attestent de moments particuliers. Sélectionnées par Ed Hall, et exceptionnellement prêtées à l’occasion de l’exposition, elles racontent à leur manière l’histoire des récents mouvements politiques et sociaux du Royaume-Uni.
C’est au début des années 1980, période marquée par de grands changements politiques dans le pays, qu’Ed Hall réalise ses premières banderoles.
Il travaillait alors comme architecte au sein de la municipalité de Lambeth à Londres où il fut représentant de l’équipe du département des architectes puis secrétaire général de Unison, le syndicat des employés. Depuis son départ du Lambeth Council, en 1997, il se consacre à plein temps à la réalisation de banderoles.
« 1962-2001, Les débuts du rock en France »
Le Golf Drouot, ancien thé dansant parisien transformé en minigolf, ne parvenait pas à attirer suffisamment de public. Son barman, Henri Leproux, eut l’idée d’investir dans un juke-box Seeburg d’appartement pouvant contenir cent disques et quatre cents titres. Dès 1959, Eddy Mitchell et Johnny Hallyday fréquentent assidûment le lieu, devenant les représentants d’une véritable bande informelle dite du Golf.
Le Golf Drouot est officiellement consacré en avril 1961 lorsqu’il accueille la toute première émission de télévision destinée aux adolescents, Âge tendre et Tête de bois (en présence de Gilbert Bécaud, Nancy Holloway, Eddy Mitchell et des Chaussettes Noires). Doté d’une scène de concert, « le Tremplin du Golf Drouot » est inauguré un an plus tard.
De la période yéyé au rock progressif, le Golf participe de manière décisive au développement de la musique pop en France et sert de tremplin à de nombreux groupes amateurs. Le Golf s’éteint à l’aube des années 1980.
Sociologue au Cnrs, chargé de mission au Mucem, Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (anciennement Musée des arts et traditions populaires), Marc Touché y initia une collection consacrée aux musiques amplifiées avec les archives d’Henri Leproux et le studio de répétition d’un groupe hardcore. Réalisé en collaboration avec Marc Touché.
« 1917-1939, Son Z »
L’exposition Son Z présente des documents audios et visuels, des textes et un ensemble documentaire, en étroite relation avec les archives du Centre Theremin de Moscou – une institution dont l’histoire est inextricablement liée au développement des
technologies audios et musicales en Russie au XXe siècle, et qui est désormais rattachée au Conservatoire National de Moscou.
L’exposition a été pensée par les commissaires Andreï Smirnov et Matt Price, avec l’aide de Christina Steinbrecher, comme
une partie de Generation Z, un projet en cours mené par Smirnov et Lubov Pchelkina, qui s’efforce de « restaurer l’histoire et la culture de l’utopie artistique des années 1910 et 1920, que son affrontement avec l’État totalitaire a détruit dans les années 1930 ».
L’exposition tire son titre de la lettre Z, lettre emblématique à maints égards de cette période. Z pour zigzag, l’étincelle ; symbole de l’énergie, des transmissions et des communications radio, du courant électrique et de l’éclair.
« De l’étincelle jaillira la flamme » – cette expression populaire évoque bien l’esprit caractéristique de l’époque. La lettre Z est l’étincelle qui représente à la fois les réseaux horizontaux, propres à l’époque, et les forces et pressions verticales contraires qui ont étouffé son développement. « Son Z » fait découvrir certains des personnages-clés de cette période, ainsi que leurs divers domaines de recherche.
La plupart des documents, des enregistrements sonores et des films, sont révélés au public pour la première fois en Occident. Ils offrent un aperçu fascinant des archives de l’époque qui restent à explorer.
Commissaires : Matt Price et Andreï Smirnov. Andreï Smirnov est un artiste interdisciplinaire, auteur, commissaire d’expositions, fabricant d’instruments de musique et enseignant. Il est le fondateur et directeur du Centre Theremin de musique électroacoustique au Conservatoire national de Moscou, où il fait également partie du corps enseignant.
Lubov Pchelnika est historienne de l’art, commissaire d’exposition d’art contemporain, musicienne et enseignante. Elle travaille au département des peintures du XXe siècle à la galerie nationale Tretyakov, à Moscou. Matt Price est écrivain, rédacteur et commissaire d’expositions, à Birmingham et à Londres. Précédemment directeur de la rédaction de « Flash Art » à Milan, et rédacteur en chef adjoint d’ »ArtReview » à Londres, il est actuellement responsable des éditions chez Albion à Londres.
Christina Steinbrecher est commissaire d’expositions à Moscou, Berlin et Londres. Diplômée du Sotheby’s Institute of Art de Londres, elle travaille actuellement pour Diehl + Gallery One, à Moscou.
« 1760-2008, Tout ce qui avait solidité et permanence s’en va en fumée »
Le titre de l’exposition est une citation tirée du Manifeste du Parti communiste de Karl Marx et Friedrich Engels, qui renvoie à la perpétuelle capacité du capitalisme à s’adapter et à surprendre.
L’exposition s’attache tout particulièrement à la manière dont le double traumatisme de la Révolution industrielle et de l’urbanisation chaotique a permis la création d’un environnement favorable à l’émergence de la musique rock britannique.
L’exposition présente des éléments historiques, dont des objets provenant de l’ancienne ville industrielle de Blackburn et de la Grande Exposition de Londres en 1951, des images encore inédites du « Ziggy Stardust Tour » de David Bowie et deux collaborations entre Scott King et Jeremy Deller.
Commissaires : Jeremy Deller, en collaboration avec Scott King.
William Scott (né en 1964) travaille au Creative Growth Art Center, à Oakland Californie, une plateforme d’ateliers artistiques, fondée au début des années 1970 et dédiée à une communauté d’artistes adultes atteints de troubles de développement, physiques et mentaux.
Les dessins, peintures, sculptures et maquettes d’architecture de William Scott sont directement liés à son expérience personnelle : il y explore la topographie sociale de sa ville natale, San Francisco, sa propre vie spirituelle et émotionnelle, ses frustrations et désirs quotidiens.
Depuis cinq ans, William Scott travaille à un projet de planification urbaine de San Francisco dans lequel San Francisco serait « effacée » – selon les termes de William Scott -, ce qui lui permet de repenser, reconstruire et rebaptiser la ville en une ville nouvelle, « Praise Frisco » (Loué soit Frisco).
Développé dans ses textes sous forme de manifeste, le projet de William Scott procède du désir de voir son quartier de Bay View/Hunter’s Point – un quartier socialement marginalisé – « démoli » et rénové selon ses propres plans qu’il détaille de
manière méticuleuse.
Le projet de Wiliam Scott, à la fois ambitieux, optimiste et profondément humain, aborde explicitement la question du passé proche, des réalités actuelles et du possible futur de San Francisco. Texte : Matthew Higgs, directeur, White Columns, New York.
Wiliam Scot, « Good Person »
Dans la série de portraits qu’il réalise, William Scott se représente lui-même et représente autant ses proches et les membres de son église paroissiale que des personnages tirés de son imagination – quoique souvent inspirés de personnes réelles, dont des stars comme par exemple Diana Ross. William Scott juxtapose ces individus dans des scénarios complexes et récurrents, qui se déploient entre autobiographie et fantasme.
Aussi ancré soit-il dans son expérience personnelle, le travail de William Scott pose malgré tout des questions universelles d’identité, de communauté, de foi et interroge les défis quotidiens auxquels nous sommes tous confrontés dans notre exploration du réel.
William Scott – Good Person a été organisée par White Columns, en collaboration avec le Creative Growth Art Center. Fondé en 1970, White Columns est le plus ancien lieu d’art alternatif de New York.
Depuis quatre ans, White Columns a largement collaboré avec le Creative Growth et ses artistes, faisant ainsi connaître leur extraordinaire travail sur la scène internationale.
De nombreux événements et concerts ponctueront l’exposition sur toute sa durée.
Toute la programmation des événements
www.palaisdetokyo.com
Durant la Fiac 2008
Fiac Cinéma 2008
Vendredi 24 octobre. 20h30-22h30 – Salle de conférence du Palais de Tokyo
Projection de films d’artistes organisée par d.c.a (association française de développement des centres d’art) en partenariat avec la Fiac 08 et le Palais de Tokyo Andrea Bruciati en partenariat avec Amaci (Association des musées d’art contemporain italiens) et Bettina Steinbrügge sont invités par d.c.a à réaliser et présenter deux programmations sélectionnées parmi l’ensemble des films d’artistes proposés par les centres d’art membres du réseau d.c.a Andrea Bruciati, critique d’art et commissaire d’exposition, est directeur du GC.AC à Monfalcone depuis 2002.
Bettina Steinbrügge, critique d’art et commissaire d’exposition est directrice artistique de la Galerie Andersen’s Contemporary à Berlin. Elle a dirigé entre 2001 et 2008 la Halle für Kunst Lüneburg.
Entrée libre à la soirée du 24 octobre sur présentation de la carte « Invité d’honneur » et à tarif réduit sur présentation du billet d’entrée à la Fiac.
critique
D’une révolution à l’autre