PHOTO | EXPO

D’un temps l’autre

09 Jan - 02 Mar 2010
Vernissage le 09 Jan 2010

Par la photographie, Regina Virserius cherche à donner une forme visuelle à la fois rigoureuse et poétique à des objets scientifiques tels que le pendule de Foucault. Cette vision au travers de la lentille de l'appareil photo crée une rupture d’échelle entraînant ainsi un glissement spatio-temporel.

Regina Virserius
D’un temps l’autre

Les objets scientifiques, les formes géométriques et le mouvement spatio-temporel
La notion du temps est une préoccupation récurrente dans mon travail : le temps qui passe, qui nous transforme, qui nous met en perspective à travers le corps, le paysage, les lieux, les objets, les rituels.

J’ai d’abord été attirée au Musée des Arts et Métiers par mon intérêt pour le pendule de Foucault, cet objet fascinant qui nous démontre le mouvement de la terre. Lourde sphère d’acier, de laiton et de plomb, d’un diamètre de 18 cm dont les 25 kg sont suspendus dans la chapelle du Conservatoire des Arts et Métiers depuis 1855. Je me suis ensuite intéressée aux solides en cristal fabriqués par Wentzel en 1879, des objets à but pédagogique qui servaient à l’enseignement de la géométrie et des mathématiques, aux instruments de géométrie descriptive de Théodore Olivier, un savant proche des frères Lumière.

Comme tous ces objets, la photographie est aussi un produit de l’esprit de recherche scientifique et du positivisme du XIVe siècle. Comme eux, elle est le fruit d’une manière d’appréhender le monde, de l’envie et de la nécessité de comprendre, de mesurer et d’illustrer le monde en s’appuyant sur le raisonnement, rendant ainsi l’univers calculable, déchiffrable, manipulable, reproductible en un mot : intelligible. Cette époque voit aussi la naissance d’une société nouvelle engendrée par ce que l’on a appelé la révolution industrielle.

Par la photographie, j’ai cherché à donner une forme visuelle à la fois rigoureuse et poétique à tous ces objets scientifiques. Après les avoir longuement scrutés dans leur espace réel, je les ai abordés à travers l’objectif, ce troisième oeil qui filtre les informations venues de l’extérieur. Cette vision au travers de la lentille de l’appareil photo crée une rupture d’échelle entraînant ainsi un glissement spatio-temporel.

En un sens, mes photographies visent simultanément l’image actuelle de l’objet et une image virtuelle qui lui correspond – comme un double ou comme un reflet. Tous ces objets scientifiques servent à l’illustration d’une pensée ou d’une idée abstraite, comme celle des solides platoniciens, par exemple. Tous ces objets réels se réfléchissent dans l’image en miroir de la photographie où se révèle leur double virtuel.

AUTRES EVENEMENTS PHOTO