ART | EXPO

Duh

15 Mar - 26 Avr 2008

Peintures décoratives ou décorations picturales? Renée Lévi se moque des codes et des catégories. Instruments tout autant que messages, les couleurs de la rue envahissent les espaces institutionnels dans un joyeux mélange où l’inattendu guette le spectateur... au détour de chaque regard.

Renée Lévi
Duh

La galerie accueille l’exposition de Renée Levi qui fait suite à une série d’expositions et d’interventions in situ dans plusieurs lieux et centres d’art : Centre d’art Le Quartier à Quimper, la Maison de la culture à Amiens, le Credac à Ivry-sur-Seine, le Parvis, le centre d’art contemporain à Ibos (Tarbes) ainsi qu’à la galerie Les filles du calvaire à Bruxelles. Ses expositions ont donné lieu à une publication en coédition en 2007.

Complexe et souvent trompeuse, la peinture de Renée Levi nécessite souvent une introspection dans son monde personnel, pour mieux saisir toute la portée intimiste de son oeuvre.
Ce qui touche au premier abord, c’est cette audace, cette affirmation franche, optimiste, décomplexée, un rien fanfaronne, d’une peinture non seulement possible, mais comme allant de soi, évidente, conquérante. Plus encore que ses tableaux, ses interventions dans l’espace public ou semi-public restent pour elles des moyens d’expression privilégiés.

Dans l’escalier d’une clinique à Zürich, une banque à Bâle, ce plafond de la direction des rectorats des universités à Bonn, une salle de conseil communal à Lucerne, c’est l’idée même de la présence picturale, toute une tradition qui étaient bouleversées. Ces couleurs acides, fluorescentes, criardes, ces teintes de l’industrie et du commerce choquent dans un espace officiel. Comment osait-on recouvrir les murs d’une honorable institution de ces signes qu’on aurait cru directement issus de la rue, de ces graphes et autres tags qui tapissent nos villes !

Mais là où opère la magie de l’artiste, c’est que dans la banque, la clinique, la salle du conseil, la peinture tient. Mieux, elle occupe des espaces qui semblaient n’avoir attendu qu’elle.
L’efficacité décorative des interventions de Renée Levi était telle que l’on peut s’accommoder  bien vite de la distorsion qu’elles provoquent, au point d’en redemander. Dès lors, propositions et offres de commandes affluent. Et pourtant, c’est ce consensus plein d’assurance et d’avenir que l’artiste décline. C’est ce refus, d’une rare conséquence éthique, qui nous permet à présent de regarder ces peintures pour ce qu’elles sont : rudes, exigeantes, tendues et toujours très risquées. Renée Levi, en effet, ne joue pas avec la peinture pour produire du décoratif, mais, tout au contraire, elle utilise l’apparence décorative pour produire une peinture qui résiste à toute instrumentalisation. Par ailleurs celle-ci ne relève ni d’une esthétique de la rue ni d’une tradition décorative.  Elle s’inscrit au contraire dans la longue histoire de ce médium et lui pose inlassablement les questions qui le travaillent depuis Lascaux : la surface, la couleur, le geste, le trait, la forme, la figure, le format, la lumière, le cadre, le support, le contexte et, face à cela, la place du spectateur.

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