Jean Denant
Du temps à l’ouvrage
Le travail de Jean Denant se positionne entre chantier de construction et cabinet d’architecte. Ses œuvres sont à la fois des projections mentales de conceptions architecturales et des espaces physiques de construction. Son intérêt porte sur le processus de création notamment dans domaine de l’architecture.
Jean Denant manie aussi bien les pinceaux que le marteau. À chaque exposition, il transforme radicalement l’espace d’exposition en fonction de ses besoins. Dans son travail, il utilise des procédés variés (installation, vidéo, photo, dessin, etc.) et des matériaux industriels.
À Lieu Commun, l’exposition se déploie en trois temps. Dès l’entrée, le spectateur est confronté à un amoncellement de gravats d’où commencent à émerger quelques herbes. Comme aux abords d’un chantier en cours, la cour est investie par tout ce qui a été déblayé pour laisser la place aux grues et aux ouvriers. Comme si la nature était en train progressivement de reprendre ses droits. L’espace d’exposition situé au rez-de-chaussée constitue le cœur de ce chantier. Les murs sont recouverts de panneaux sur lesquels sont peintes des architectures en travaux et présentés sous la lumière des néons.
Enfin, une autre ambiance est mise en scène à l’étage. L’espace est vide, sobre et épuré. Des fauteuils et un sofa de style Bahaus figurent l’espace mental de l’artiste, le lieu où ses projets prennent forme.
«Le travail de Jean Denant interroge l’humain à partir de l’architecture. Considérant que celle-ci modèle le monde dans lequel les êtres évoluent, c’est par le prisme du geste créatif que l’artiste interroge la nature humaine. L’architecture est une proposition contemporaine pour traiter du réel, pour essayer de l’appréhender et ainsi orienter le monde. Mais, dans les œuvres de Jean Denant, l’architecture, c’est bien plus, c’est une métaphore poétique et philosophique pour parler de l’état du monde. Bâtiment ou histoire humaine, tout est affaire de construction. C’est ainsi à une tentative de construction-déconstruction que nous convie l’artiste.
Jean Denant fait référence concrètement au langage du bâtiment, évoquant deux temps de la construction, le gros œuvre et le second œuvre. C’est donc l’histoire d’un processus que nous narre l’artiste à travers des tableaux réunis, l’accrochage proposé pour le FIAT est l’occasion de les faire dialoguer, de provoquer entre eux une rencontre physique et directe. L’architecture instaure un dialogue entre l’être et le monde.
Dans ses tableaux, l’artiste rejoue l’architecture, conviant des matériaux simples et destinés au bâtiment. Par ce détournement de la matière à des fins artistiques, Jean Denant provoque un volontaire décalage entre noblesse du geste et précarité des matières. Ses œuvres défient les définitions et abolissent les frontières entre art et réel: les tableaux se muent en mur, l’image devient narration, l’artiste un ouvrier. En effet, pour Jean Denant, le geste est primordial, rappelant l’aventure humaine, celle aussi de sa ville, Sète, une cité portuaire et ouvrière.»
Solenne Bertrand
Cette exposition est co-programmée et coproduite avec Le Festival International d’Art de Toulouse.
Vernissage
Samedi 24 mai 2014 Ã 14h