ART | EXPO

Du clocher on voit la mer

20 Sep - 11 Oct 2013
Vernissage le 20 Sep 2013

L’exposition aborde les notions de culture commune et de spécificités et la manière dont on peut s’inscrire localement tout en étant impliqué au sein d’un réseau mondialisé à travers des œuvres qui s’attachent à montrer les liens ténus reliant individu et groupe, groupe et monde entre passé et présent.

Ivan Argote, Marcos Avila Forero, Susan Hiller, Violaine Lochu, Thomas Merret, Ahmet Ögüt, Bruno Silva
Du clocher on voit la mer

A l’invitation de Document d’artistes, In extenso, association d’art contemporain basée à Clermont-Ferrand présente son nouveau projet hors les murs «Du clocher on voit la mer».

L’exposition aborde les notions de culture commune et de spécificités ou comment peut on s’inscrire —et agir en tant qu’individus, artistes, ou même structure d’art— dans un environnement local, et tout à la fois être impliqué au sein d’un réseau mondialisé. Les œuvres choisies pour cette exposition s’attachent à montrer les liens ténus qui relient l’individu au groupe, le groupe au monde, les cultures locales au savoir mondial et avec elles, le passé au présent, mais un présent vivant, en changement.

Pour reprendre une idée développée par Anna Dimitrova, à propos de la définition que David Harvey donne de la mondialisation, celle-ci comporterait quatre phénomènes liés: l’instantanéité, l’interconnexion, l’interchangeabilité, et l’interdépendance. En d’autres termes, les évènements locaux sont intimement liés au développement du monde «mondialisé», et les deux sphères, interconnectées, s’influencent l’une l’autre.

Les œuvres présentées suggèrent toute la fragilité de nos cultures, la fragilité de l’ordre du monde —autant que celle de la nature— et notre devoir de vigilance. Claude Lévi-Strauss rappelait à cet effet que «chaque culture se nourrit de ses échanges avec les autres cultures. Encore faut-il qu’elle y mette une certaine résistance faute de quoi, bientôt, elle n’aurait plus rien qui lui appartienne en propre à échanger».

De son côté, l’écrivain Benoit Duteurtre s’interroge au pourquoi —notamment en Europe— nous mettons tant d’énergie à réduire nos particularismes, notamment en matière linguistique, au profit d’un anglais d’aéroport baragouiné. «Si l’Europe», nous dit-il, «se posait la question de son identité, il lui faudrait en effet reconnaître qu’elle représente un ensemble d’un genre particulier: véritable culture commune (c’est incontestable), fondée sur une multiplicité de cultures particulières. Elle refuserait en tout cas de s’en remettre au globish universel qui transforme toutes ces anciennes langues en dialectes incompréhensibles de l’extérieur. Faute de cette réflexion, nous vivons aujourd’hui dans cette étrange «union» où l’on prétend se rapprocher, alors qu’on parle de moins en moins la langue de nos voisins; et où l’on préfère adopter continuellement le filtre anglo-américain plus ou moins maîtrisé, qui nous place dans la position du colonisé, contraint d’imiter une façon de parler, donc de penser, platement calquée sur celle de la City, du Pentagone, des universités américaines et des fonds de pension de l’Arizona». Ainsi, face à cette frayeur, face à la peur de se perdre, aplatis par le rouleau compresseur mondial, nous avons tendance à nous recentrer sur nos territoires locaux… La culture de pays-région-quartier devient un enjeu tant individuel que politique.

Comme nous le rappelle la philosophe Annick Stevens, après avoir tant désiré être citoyen du monde, après avoir voulu embrasser d’autres cultures sans nostalgie pour la sienne en propre, un sentiment d’appartenance s’empare à nouveau de l’homme, notamment relayé par le biais de certains «mouvements altermondialistes, en particulier les associations paysannes et indigènes, (qui) affirment en effet que la défense de leur territoire est indispensable à leur survie et luttent pour la préservation de leurs racines culturelles contre l’uniformisation imposée par la culture capitaliste».

Mais le prisme mondial ayant redistribué les cartes, la définition a un peu changé. Comme nous le démontre l’optimiste Jérémy Rifkin, lorsqu’après avoir précisé que «la mondialisation, tant décriée, est d’abord celle de l’accès à la connaissance», il nous dit que devenu «Homo-urbanus», nous vivons en contact permanent avec des populations d’origines diverses. Et c’est aussi là que les cultures se côtoient, s’échangent et s’enrichissent les unes les autres. Marseille, cette année capitale européenne de la culture, à l’identité si forte par ailleurs, nous semblait le bon endroit pour évoquer modestement ces quelques questions.
Marc Geneix

Dans le cadre du programme hors les murs d’In extenso, Clermont-Ferrand
À l’invitation de Documents d’artistes, Marseille
Coproduction Friche la Belle de Mai

Vernissage
Vendredi 20 septembre 2013 à 18h30 avec une performance de Violaine Lochu
Finissage
Vendredi 11 octobre avec une performance de Bruno Silva

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