Jan Fabre
Drugs kept me alive
Dans Drugs kept me alive (Les drogues- licites ou non- m’ont maintenu en vie), le performeur Antony Rizzi, danseur historique de William Forsythe et interprète régulier de Jan Fabre, raconte son combat contre le sida. Entouré de fioles en tout genre, magicien de bulles, il passe avec habileté du texte à la danse, tutoie les gouffres, les prend de vitesse, lutte contre le temps qui lui est compté, armé de son humour qui instille de la légèreté dans la gravité et déployant des images d’une grande poésie.
Laure Dautzenberg
Le monologue Drugs kept me alive parle d’un survivant. Il explore toutes les issues de secours, l’aiguille de sa boussole toujours tournée vers les raccourcis entre le ciel et l’enfer, pour toujours avoir une longueur d’avance sur la menace de la Faucheuse. Sa rapidité est sa meilleure arme, son humour un médicament puissant et ses acolytes répondent à des noms illustres issus des sphères supérieures, tels que ecstasy, kétamine, GBH, poppers, speed, cocaïne, 2C-B, 2C-1, 2C-7. Avec ces cristaux à inhaler, ces «démangeurs» de sang et ces envoûteurs cérébraux, il se repousse et se jette dans le magma de ce qui le maintient en vie: le désir tourbillonnant de l’ivresse permanente. Il se meut à bord d’un gigantesque dirigeable, loin au-dessus des nuages, il amarre aux quais de chimères qui semblent être en perpétuelle transformation, se crée des mirages qui semblent l’envelopper aimablement et lui procurent un bonheur intense.
C’est précisément cette intensité hors du monde qui fait battre ce désir obsessionnel. Une intensité emplie d’une sorte de pureté: l’extase. C’est une sensation étrange qu’une chose puisse être à la fois aussi floue et aussi transparente. Comme une bulle de savon que l’on peut tendre tout autour de la peau pour ainsi s’enfoncer lentement et disparaître. Cette bulle d’air est sa seconde nature, une enveloppe où le silence est une sensation étrange qu’une chose puisse assourdissant et qui le protège de la mort. Mais on approche du plaisir ultime, du superlatif de l’extase quand les médicaments du monde d’en haut se mêlent à ceux du royaume des ombres.
Dans Drugs kept me alive, Jan Fabre esquisse une vie au bord du gouffre de la mort. Plus on s’approche de la mort, plus les pilules, les poudres et les boissons doivent soutenir la vie. Telle est la situation dans laquelle se trouve le personnage de cette pièce: il a vu la mort en face et décide de jouer au poker avec la maladie dans son corps: Drugs kept me alive. Le monologue a été écrit pour Antony Rizzi, un performeur né avec lequel Fabre a déjà collaboré pour The Sound of One Hand Clapping, Glowing Icons, Da un altra faccia del tempo, Histoire des Larmes, et Orgy of Tolerance.
Luk Van den Dries
Drugs kept me alive
solo pour Antony Rizzi (2012) spectacle en anglais surtitré en français
texte, mise en scène et dramaturgie: Jan Fabre
performance: Antony Rizzi
dramaturgie: Miet Martens
musique: Dimitri Brusselmans
costumes: Andrea Kränzlin
régisseur général: Geert Van der Auwera
régisseur: Tim Thielemans
Informations
Théâtre de la Bastille
Du 15 au 19 mars 2016
Mardi 15Â au samedi 19 mars, Ã 20h
Relâche le jeudi 17 mars