Thomas Bayrle, Blanca Casas Brullet, Sidival Fila, Dan Flavin, Sheila Hicks, Ryoichi Kurokawa, Sol LeWitt, Jean-Michel Meurice, François Morellet, François Rouan, Pablo Valbuena
Drôles de trames !
L’exposition Drôles de trames propose de mettre en avant le lien entre les supports traditionnels de l’expression artistique et les supports des technologies les plus contemporaines. Une trame en imprimerie et en dessin est une surface composée de points régulièrement espacés ou de lignes, d’épaisseur et d’espacements prédéfinis, qui ont pour effet de donner visuellement différentes valeurs de gris. Le mot « trame » ici évoque d’abord le textile, dont l’industrie de la Région Nord-Pas de Calais a été si fortement marquée. Mais il évoque aussi la trame d’une toile, formée de lignes horizontales. Le mot « toile » qu’on retrouve dans le vocabulaire artistique renvoie aussi à Internet, nombre illimité de réseaux qui constituent une communication. Recourir à ce terme qui désignait familièrement la séance de cinéma (« se faire une toile ») n’est pas sans saveur rhétorique et théorique. Les mots sont parfois imperméables au renouvellement sinon à la révolution des techniques de l’art.
Le geste de tramer permet ainsi le rapprochement d’artistes dont les pratiques variées n’autorisent pourtant pas à priori la comparaison. La trame devient une véritable écriture qui emprunte à la diversité des matières. L’exposition Drôles de trames réunit des artistes, croise leur pratique et efface les hétérogénéités trompeuses dues au temps. Même si les matériaux que les artistes manipulent au Fresnoy sont très contemporains, et font appel aux technologies les plus récentes dont le numérique, il demeure enrichissant de construire des passerelles entre ces dernières et les procédés anciens appartenant à l’histoire de l’art. Le Fresnoy favorise ainsi la perception de l’interdépendance des procédures techniques qui sont également des procédures mentales.
L’homme à toujours utiliser le principe du croisement d’une trame et d’une chaîne textiles pour fabriquer les enveloppes protectrices de son corps. Cet acte primordial de tisser fut aussi une des procédures majeures de la création des formes.
Au 20e siècle, toutes les disciplines ont exploité cette activité artisanale et conceptuelle y compris pour échapper à la soumission de la reproduction servile de la réalité tout en défendant l’idée que l’art ne pouvait se dispenser de la virtuosité d’un métier.