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Dressed to Kill… Killed to Dress…

Communiqué de presse
Robyn Orlin
Dressed to Kill… Killed to Dress…

20h30. Création 2008.

chorégraphie : Robyn Orlin
vidéo :  Nadine Hutton

L’irruption des phénomènes sociaux est  incontournable dans les spectacles de Robyn Orlin. Chant, danse, théâtre et arts plastiques s’y côtoient aussi sans hiérarchie, de même que ses goûts éclectiques servent avant tout un propos fondé sur la culture, ses différentes sources: africaines ouoccidentales, traditionnelles, populaires et contemporaines.

Dans cette nouvelle création, la chorégraphe sud-africaine, s’intéresse à un groupe culturel spécifique, les Swankas, comme ils se sont eux-mêmes nommés. C’est avec cinq d’entre eux et quatre performers de ses précédentes pièces, danseurs et comédiens, que la chorégraphe iconoclaste entreprend ce nouveau projet. Une façon de poursuivre sa réflexion sur l’évolution politique de son pays, notamment les relations entre Blancs et Noirs et les processus d’intégration.

Dans Dressed to Kill… Killed to Dress…, elle questionne le rapport au vêtement développé par les Swankas. Leur comportement est porteur d’une vision non dénuée d’optimisme malgré leur situation difficile. Car si l’habit ne fait pas le moine, au théâtre il peut devenir un matériau d’une grande richesse. Entre jeu et enjeux, le vêtement agit comme un formidable révélateur social.

L’existence des Swankas est un fait de société et leur pratique est devenue une forme culturelle si particulière que différents documentaires, reportages et expositions photographiques leur sont consacrés. Pour la plupart zoulous d’origine rurale, issus du Kwazulu-Natal, l’une des régions d’Afrique du Sud, ils sont devenus des travailleurs migrants. Dans la capitale, à Johannesburg, l’une des villes les plus violentes de la planète, ils logent dans les auberges des quartiers les plus sombres. Qu’ils soient employés dans le bâtiment ou les mines, agents de maintenance ou de gardiennage dans les grandes surfaces, une même passion les anime, qui leur permet de s’extraire momentanément de leur quotidien : le “swanking”. Plus qu’une activité, il s’agit presque d’une philosophie de vie. Cultiver l’élégance répond tant à leurs aspirations qu’à une exigence de perfection qui fait d’eux des stars glamour après le travail.

Une fois débarrassés de leurs combinaisons poussiéreuses, ils troquent manteaux et chapeaux usés pour de splendides costumes qui représentent à leurs yeux un véritable investissement. Coupe impeccable, matières chatoyantes, qu’ils accompagnent d’accessoires choisis et signés de grands noms de la couture. Pochettes et cravates assorties, bijoux et boutons de manchette scintillants et autres produits originaux des créateurs de mode font partie des appâts avec lesquels chaque fin de semaine, ils essaient de séduire un jury impartial, venu assister aux concours qu’ils organisent. Dans le sous-sol de leurs hôtels, lieux dépouillés qu’ils appellent «The Hall », on les voit alors défiler, tournoyer dans la lumière, devant un public dense et serré, lors de véritables compétitions destinées à obtenir, avec les prix consacrés, le titre d’«homme le plus élégant».

Si Robyn Orlin a d’emblée choisi d’intituler sa pièce Dressed to kill… killed to dress…, autrement dit «habillés pour tuer, tués pour s’habiller», c’est avant tout pour leur rendre hommage.
La chorégraphe s’y engage en revisitant à sa façon la culture qu’ils ont créée, sorte de cérémonial underground, aujourd’hui totalement intégré à la société sud-africaine mais dont les origines situées aux alentours des années 50, en pleine période d’apartheid, restent un peu floues. On soupçonne que ce besoin de retrouver l’estime de soi, la fierté, le fait de se sentir quelqu’un d’important en défilant devant les juges, provient de cette époque, où ces travailleurs de retour au pays se devaient de mettre leurs plus beaux atours pour montrer leur réussite aux autres  villageois.

Sous le charme de cette métamorphose inédite, celle de l’ouvrier en «top model» zoulou, Robyn Orlin s’attache à faire ressortir avec humour l’actualité de cet art de la parade, sans cesse affûté dans les “swanking sessions”, avec ses postures étudiées, sa gestuelle chaloupée, sa scrupuleuse attention portée au style comme au moindre détail. Mais cette création fait aussi appel, à l’instar de sa précédente pièce créée avec les danseurs du Ballet de l’Opéra de Paris, à la sensibilité et au regard que ses interprètes portent eux-même sur leur environnement . Un spectacle lyrique et drôle qui met les consciences en éveil en questionnant le devenir de cette pratique au sein d’une identité culturelle commune.

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