Hamid Maghraoui
Dresscode
Hamid Maghraoui, professeur à l’éécole des Beaux-Arts d’Avignon, fait partie de ces artistes qui, comme John Baldessari ou Richard Prince, sont attirés par l’imagerie de masse, la culture pop et les procédés de reproductions mécanisés. A ce titre, il travaille depuis 2012 à partir d’images issues de magazines grand public publiés à Dubaï.
Dans ces revues, toutes les parties intimes jugées trop dévoilées par les autorités font l’objet d’un contrôle de moralité et sont patiemment et partiellement biffées au feutre noir par un officier de l’État. À l’aide d’un marqueur noir, celui-ci vient revêtir ces corps légèrement dénudés qui posent pour des articles de mode. Le censeur devient styliste malgré lui. Hamid Maghraoui a reproduit en photographie ces œuvres malgré elles de censure afin de les éditer en affiches. Dévoyées, détournées, ces images sont recadrées puis tirées en grand format par l’artiste. Intitulées «Dresscode», elles changent de statut et deviennent des affiches publicitaires qui sont présentées dans des panneaux lumineux. Elles sont toutes centrées sur l’objet du délit, la trace, cet élément graphique sur lequel se polarise toutes les attentions.
Hamid Maghraoui déconstruit l’image et en détourne le sens. Il en révèle l’ambivalence du geste censeur-créateur, par la mise en exergue de cette griffe qui laisse parfois apparaître, comme par transparence, la trame de l’affiche ou, mieux encore, une infime partie de ces formes sensuelles qui devait être dérobée aux regards. «Dresscode» illustre ainsi la puissance paradoxale du «cacher pour mieux révéler» ou encore du «less is more».