Sylvie Ungauer
Dress-architecture : Prêt à porter
Depuis son arrivée à l’extrême ouest du continent européen, la confrontation avec les vestiges des constructions du «Mur de l’Atlantique» est au centre de ses préoccupations. Les bunkers souvent indestructibles sont revisités: tags, installations éphémères pour faire la fête ou alors envahis par la végétation. Elle a commencé un travail photographique des bunkers, blockhaus, casemates sur les côtes de Brest et sa région.
Ces bunkers et blockhaus l’intéressent dans leur forme standardisée. En effet, pendant la Seconde Guerre Mondiale, les allemands ont constitué une typologie des constructions en béton armé, en rapport avec leur architecture fonctionnelle d’abris, de poste d’observation ou de tir, dessinées par l’organisation Todt à Berlin. L’espace intérieur en était optimisé pour accueillir les corps. Ce sont des habitacles.
Parallèlement, elle poursuit un travail de dessin sur le vêtement féminin, les accessoires de mode et les vêtements des femmes «musulmanes»: la burqa, comme effacement du corps et du genre, enfermement, protection et vêtement de guerre. La burqa est aussi une arme de résistance dans nos espaces publics réglés sur la transparence sécuritaire.
C’est en confrontant le travail photographique sur les bunkers de la côte de Brest et un évènement au Soudan en août 2009, où une journaliste invitait ses confrères à sa flagellation (40 coups de fouet pour avoir porter une tenue indécente: un pantalon), qu’il lui est venu l’idée de travailler plus particulièrement sur le vêtement. La burqa et le bunker se ressemblent formellement. Ils sont fabriqués pour cacher le corps et permettre d’observer par une fente.
Le projet prêt-à -porter est à la fois un évènement et une exposition puisque les sculptures exposées seront portées lors d’un défilé, dont la vidéo prendra place ensuite dans l’espace d’exposition. Ce projet se déroule en plusieurs étapes: d’une part la fabrication des coiffes, vêtements et sculptures en feutre ; puis une exposition et un défilé-performance fixée par une vidéo.
Une dizaine de formes de coiffes ont été choisies parmi une sélection d’abris normalisés allemands de la Seconde Guerre Mondiale issues de la base de données Todt. Ces sortes de coiffes-vêtements-sculptures en feutre ont été réalisées avec l’aide de Brigitte Paillet, sculpteur modiste. Le feutre brut, de couleur grise, est un matériau isolant, souple et rigide à la fois. Cette matière fait le lien entre le vêtement, élégant et protecteur, et le bunker, forteresse de guerre.
Vernissage
Vendredi 10 février 2012 à 18h30.
Défilé
Mercredi 07 mars à 19h30.