Hans op de Beeck
Drawings
Le langage plastique d’Hans Op de Beeck est multiple. C’est évident pour ceux qui connaissent ses impressionnantes et mystérieuses installations incorporant vidéo et sculptures, ses maquettes d’échelles diverses, pouvant atteindre des tailles monumentales, telle Location 5 (2004) de 12 mètres sur 24: cafétéria d’autoroute dans lequel le visiteur est invité à s’asseoir pour contempler une portion d’autoroute inactive vue de nuit. Cette œuvre a été présentée successivement au GEM de la Haye et à Art Unlimited à Bâle.
On peut aussi évoquer T-Mart montré en 2005 au Mukha d’Anvers: maquette sur table (8mx9m) d’un hypermarché et de ses alentours déserts et nocturnes avec une animation projetée et une bande son mêlant des sons urbains et des voix de son.
Parallèlement, la présentation d’une œuvre peut évoluer comme, par exemple, la vidéo Blender (2003), «loop» d’un carrousel en mouvement qui peut être présentée soit seule soit avec d’autres films. En mars 2005, à la galerie Nicole Klagsbrun à New York, cette vidéo a été mise en pendant d’une nouvelle sculpture issue de la même obsession: Merry-go-round, un manège (plus de 4 mètres de haut) construit en polyester noir et en PVC et imposant dans son immobilité.
Actuellement la sculpture est devenue le centre d’un paysage sous la neige, installation environnementale qui est présentée à la Kunstverein de Hanovre dans le cadre de Night Sites (jusqu’au 5 février 2006). On comprend au fil de ces descriptions le talent de l’artiste à user des différents médiums pour s’exprimer ; chaque exposition se percevant comme une polysémie plastique pleine d’instants suspendus, d’échos et de mises en abîmes, une atmosphère dans laquelle le spectateur passe lentement d’une œuvre à une autre.
Plus on pénètre l’univers d’Hans Op de Beeck, plus l’on comprend que le dessin est au cœur de son travail, car c’est sans doute l’expression idoine pour mettre à jour son univers artistique, la plupart des œuvres étant des situations imaginaires. Eléments premiers, ils font office de croquis qu’on aperçoit au détour de textes critiques du catalogue de 2001. Dans les vidéos, ils sont parfois la matière première et sont montés en animation Gardenning I (2001) et Places (Gardening II) (2004), My Brothers Gardens (2003), ils inspirent des œuvres apparentées telles les photographies aquarellées numériquement de Loss, (2004), ils ne sont pas non plus éloignés des photographies noir et blanc et très «graphites» comme celle de la vague de Perte dont il existe d’ailleurs une version dessin, ils prennent une troisième dimension dans les maquettes et se retrouvent également dans les plis des sculptures en polyester ou dans le tracé des résines des nénuphars du bassin de Perte.
Bref, le dessin est partout, incontournable, et pourtant silencieux, tel un gardien du secret artistique, de la pensée de l’œuvre. Les derniers dessins comportent, d’ailleurs depuis peu de temps, une sorte de trace en filigrane d’un planning, sorte d’écho au temps passé à la pratique, comme si l’artiste voulait nous signifier d’arrêter le temps pour se plonger dans celui de l’œuvre.
> Cette exposition participe au programme « Rendez-vous dans les galeries », une initiative de «Francofffonies ! le festival francophone en France».
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Philippe Coubetergues sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Loss