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Drawing Stories: Je voulais savoir de quoi on parle vraiment…

15 Nov - 10 Jan 2013
Vernissage le 15 Nov 2012

À l’occasion de sa deuxième exposition personnelle à la galerie Sintitulo, Michèle Mascherpa propose trois nouveaux supports de lecture pour ses dessins: les carnets d’artiste, les dessins sur papier préparé à l’huile de lin et les «carnets à continuer soi-même».

Michèle Mascherpa
Drawing Stories: Je voulais savoir de quoi on parle vraiment…

Cette série de dessins, s’inscrit dans un corpus d’œuvres plus large, développé à partir de ses «carnets d’écriture». Le carnet A5 en papier recyclé suit l’artiste dans tous ses déplacements. Elle y consigne, page après page, des dessins qui sont parfois plus élaborés, parfois restés à l’état de croquis. Les dessins, accompagnés le plus souvent d’écriture, sont toujours narratifs. Les formes, les couleurs, les matières ont à la fois une fonction syntaxique et font office de figure de style. Un vase, un élément d’architecture, un objet banal du quotidien, des éléments météorologiques, rentrent dans l’inventaire de plus en plus riche, que l’on découvre en feuilletant les pages de ses carnets d’artiste.

Les dessins du carnet, ceux qui, pour une raison ou une autre, continuent à présenter de l’intérêt pour l’artiste, sont repris pour un travail plus recherché, sur les feuilles épaisses de dessin préparées à l’huile de lin et aux pigments. La matière est enrichie par le collage, la transformation du papier par l’huile lui permet d’obtenir d’étonnantes transparences et d’étonnantes migrations du pigment dans le papier, d’une semaine à l’autre. Elle peut même interdire à l’huile de se promener librement dans le papier, en apposant des adhésifs transparents qui, à la fois figent la transformation du papier et placent la représentation derrière une pellicule «de conservation».

En troisième support pour le parcours de ce travail narratif, l’artiste propose les carnets d’une matière identique à ses carnets-journaux, mais de moindre format. Ces petits «carnets à continuer soi-même» contiennent, sur la première page – celle qui, dans un livre, correspondrait à la page de titre – un dessin de la série récente. Un dessin issu de ses carnets-journaux, dont le traitement correspond à la façon de construire le détail des dessins sur papier libre, le traitement du papier à l’huile de lin et le travail du verso de la feuille en moins.

Les «carnets à continuer soi-même» bouclent le programme de la série: ils sont supposés être remplis par leurs acquéreurs, soit par leurs notes écrites, par leurs propres dessins, mais aussi demander à l’artiste la réalisation de dessins nouveaux ou même proposer à d’autres artistes de jouer le jeu du croquis jusqu’au remplissage final.

«Au départ je voulais écrire, c’était un rêve d’enfance. J’ai passé du temps à gratter des pages de petits cahier précieux, longtemps ce fut mon principal moyen d’expression. Au travers le dessin, je raconte des histoires intimes de l’autre, de moi-même, sans freiner ma spontanéité par ce qui ne devenait plus pour moi, au temps de l’écriture, qu’un vaste exercice de style. Une sérénité retrouvée!

Le sens des mots, des phrases entières mais aussi parfois coupées dans l’espace pictural viennent de cette envie de conter. L’écriture, illisible, c’était aussi voulu. Même si elle raconte, elle n’est pas là pour être lu par d’autres, elle est là pour dire et être vue, sans être assimilable. Elle ne raconte pas elle est «plastique». Elle n’illustre pas elle est «formelle». C’est ce qui reste de l’acte d’écrire. Ne reculant devant rien pour que l’acte de raconter soit encore apparent de façon mentalisée. Il est là, il existe, il nourrit la créativité.

L’élément pictural devient secondaire sans que son importance s’amoindrisse, mais il n’est plus qu’un prétexte, apparence, rarement a-t-il la signification qu’on lui attribue, en se faisant propre à celui qui regarde. Il ne dit rien, il est happé par le vécu de chacun.

La plupart du temps je travaille sur papier normal ou Velin. C’est le médium privilégié parce qu’il me permet d’utiliser plus facilement tous ces effets de tâche, de transparence, d’épaisseur, de vieillissement accéléré de la surface papier, tirer parti du jaunissement de l’huile de lin. Le travail sur papier évolue constamment avec le vieillissement du support et c’est cela qui m’intéresse.» (Michèle Mascherpa)

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