Elève de Gerhard Richter dans les années 80, Pia Fries manipule la couleur en pleine pâte. Sur un mode organique, la couleur se répand, prolifère sur la surface du bois. L’empâtement fait gonfler la forme et exploser les couleurs dans un mouvement très jouissif.
Depuis quelques années, l’artiste a introduit la sérigraphie acrylique dans ses compositions. La nouvelle série présentée ici repose sur un même dispositif plastique.
Sur un fond de bois aggloméré, Pia Fries définit des zones géométriques qu’elle recouvre d’un aplat blanc, laissant apparaître le bois sur certaines parties non recouvertes. Elle dispose sur cet espace du tableau des motifs photographiques tirés des dessins de fleurs et d’insectes de l’artiste naturaliste du XVIIe siècle, Maria Sybilla Merian. Intervenant alors à partir de ce cadre formel, elle lui donne force et vitalité par l’application de grands empâtements de peinture à l’huile.
L’artiste utilise la couleur en tant que matière qu’elle sculpte et taille à l’aide de couteaux, de spatules ou de peignes. Elle malaxe, taillade, gratte la peinture. Ses couleurs semblent vivantes, grouiller à la surface du tableau, parfois entrer en conflit ou bien s’entremêler étroitement.
L’association de la peinture à l’huile et de la sérigraphie acrylique donne de la profondeur à ses compositions, quand l’huile est traitée à la manière d’un matériau sculpté, la sérigraphie, dans sa planéité, apporte un contrepoint linéaire avec le dessin des formes. Et la transparence de l’acrylique vient contraster avec l’empâtement de la peinture à l’huile.
Force des couleurs, équilibre des formes, les grands tableaux de Pia Fries témoignent d’une maîtrise exceptionnelle du plein et du vide, de l’ordre et du désordre. Son langage, physique et sensuel, nous offre une peinture opulente, voluptueuse. Au premier étage de la galerie, l’artiste présente également pour la première fois un ensemble de huit sérigraphies ainsi que des œuvres sur papier.