Une bande dessinée sous forme de dépliant introduit l’exposition «Doudoune blanche contre doudoune rouge» qui met en scène la destruction d’une civilisation par des formes extraterrestres. Dans un graphisme noir et blanc Pierre La Police mélange les genres en déclinant les situations absurdes et imprévisibles.
Dans un tunnel où l’on pénètre, sont peints deux supers héros aux couleurs phosphorescentes en train de défendre une cause inconnue. Ces sortes de peintures rupestres version «heroic fantasy», témoignent d’une civilisation qui aurait été détruite par de terribles ennemis.
L’espace d’exposition est conçu comme un mémorial rassemblant contempler les souvenirs d’un monde futur déjà disparu. Entre rêve et réalité, la mémoire se ramifie dans les arcanes de cette grotte obscure, véritable machine à voyager dans le temps.
Au bout du tunnel, des cercles concentriques bleus et verts apparaissent au gré d’une musique minimaliste avant de céder la place à une tête de gorille immobile. On se croirait dans un train fantôme, immergé dans un environnement intemporel bourré de références cinématographiques, hanté par les personnages de La Planète des singes ou de La Guerre des mondes.
Une série de petits tableaux relate l’événement qui aurait causé la destruction de la planète. Sur des images de films de science fiction japonais, Pierre La Police a peint à la gouache des formes organiques extraterrestres, longilignes et menaçantes, envahissant des paysages désertiques.
Sur d’autres tableaux, des héros à têtes recouvertes de bulles multicolores tentent de sauver la planète, pistolet au poing.
La technique volontairement maladroite du montage rappelle les premiers films de science fiction dans lesquels des maquettes de villes étaient détruites par des monstres.
Pierre La Police souligne dans cette installation l’attirance que suscite la contemplation des catastrophes spectaculaires et destructrices de l’humanité.
Au cours du XXe siècle, les super héros ont incarné la métaphore du bien contre le mal. «Doudoune blanche contre doudoune rouge» tourne en dérision ce manichéisme en montrant des personnages belliqueux, dépourvus de toute humanité, en train de combattre des «squames» gluants. Les pulsions de mort des films d’anticipation sont réinvesties avec force et ironie.
Publications
— Jean Le Cointre et Pierre La Police, La Balançoire de plasma, Cornélius, Paris, 2005.
— Pierre La Police, Traumavision: A Gore Cinema Puzzle, Cornélius, Paris, 2004.
— Pierre La Police, Véridique!, Cornélius, Paris, 2002.
Pierre La Police
— Sans titre (Mural), 2008. Acryliques et acryliques fluos.
— Sans titre (Doudoune blanche contre doudoune rouge), 2008. Gouache sur toile imprimée (Impression Epson). 14,5 x 21 cm.