Tatiana Trouvé
Double Bind
Dans une architecture couvrant une superficie d’environ 500 m², l’installation Double Bind de Tatiana Trouvé réunit un ensemble composite de sculptures – rochers recouverts de cadenas et de poids en cuivre, paysages de sel, «boîtes noires» d’espaces, objets hybrides –, jouant sur des décalages et des répétitions qui ne sont pas sans évoquer la fragmentation et l’effeuillage de l’espace et du temps par la mémoire. Un parcours «en contrarié» se construit progressivement, qui propose au visiteur une expérience destabilisante, comme une sorte de «double contrainte». Issu des théories de la communication, le «double bind» est une double injonction paradoxale qui plonge le sujet en situation de blocage mental, voire physique. Tatiana Trouvé crée ainsi un univers conditionné par la répétition et le déplacement des repères, au sein duquel chaque objet accorde à l’espace une dimension temporelle. Devant ces propositions visuelles, le visiteur est apparemment amené à faire un choix, mais il est avant tout contraint d’inventer de nouveaux systèmes d’orientation. «Double Bind» est une installation qui multiplie les hypothèses de parcours et trouble les logiques de la perception. Connaissant bien les espaces du Palais de Tokyo (projets en 2002 et 2006), Tatiana Trouvé confronte le visiteur à un dispositif sculptural et architectural d’une amplitude inédite.
La constitution d’un espace qui soit propre au développement des phénomènes psychiques, à leur déploiement dans le temps, est au coeur du travail de Tatiana Trouvé, depuis la création du Bureau d’Activités Implicites en 1997 (B.A.I.). Le B.A.I. est composé de Modules et de Polders. Les premiers sont des lieux de travail et de concentration dont on ne sait précisément si la fonction consiste à recenser ou à produire des pensées ou les traces de l’activité de l’artiste, comme si la genèse de l’œuvre en constituait également l’horizon. Les seconds sont des espaces en réduction, énigmatiques, parce que composés d’éléments faisant référence à des univers hétéroclites : leurs changements d’échelles s’accompagnent systématiquement de la redéfinition d’une logique d’espace portant l’empreinte d’une expérience rêvée.
Tatiana Trouvé a participé à diverses expositions collectives comme Clandestins à la Biennale de Venise (2003), Configurations/Modèles modèles au MAMCO, Genève (2005) et au Printemps de septembre à Toulouse (2006). Elle a par ailleurs réalisé plusieurs expositions monographiques, notemment au CAPC, Bordeaux. Elle prépare également deux importantes expositions personnelles au MAC/VAL, Vitry-sur-Seine et à la Villa Arson, Nice en 2007.
Article sur l’exposition
Nous vous invitons à lire l’article rédigé par Isabelle Soubaigné sur cette exposition.
critique
Double Bind